Installées au fond du Flixbus numéro 1778, qui relie Rennes à Montpellier, Florence et sa mère de 76 ans s’échappent direction Tarragone (Espagne). « Avec le bus, on n’a pas de stress sur la route, on peut dormir, lire et on n’a pas de parking à payer à l’arrivée ! » se réjouit la professeure d’espagnol de 59 ans. Arrivée prévue le lendemain matin, à 6 h. En 2024, plus de 11 millions de personnes ont voyagé par car longue distance en France, selon l’Autorité de régulation des transports (ART). Depuis la libéralisation du transport routier de voyageurs de 2015, Flixbus et les bus BlaBlaCar dominent le secteur.

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Michel, prêtre gabonais, entame sa quatorzième heure de route. Pour lui, choisir le car, c’est surtout une question financière : « Les autres moyens de transport sont trop chers. Mais ça reste très long et fatigant ». Il a déboursé 80 € pour faire Strasbourg (Bas-Rhin) – Nantes (Loire-Atlantique). Si le car reste souvent plus abordable que le train, le prix du trajet a doublé en dix ans, passant de 3 € à 6 € pour 100 km, selon l’ART. Une stratégie tarifaire assumée par Charles Billard, porte-parole de Flixbus : « Entre 2015-2018, on a fixé des prix d’appel très bas pour faire connaître notre service. On n’est rentable que depuis 2022 ».

« C’est pas une gare, c’est un Abribus (*) ! »

À 10 h, Karim et son frère descendent à Nantes. « De Rennes, je ne m’embête plus à prendre mon véhicule pour aller à Nantes », atteste l’ingénieur de 27 ans, télévision neuve sous le bras, en plein déménagement. « Prendre le bus permet de voyager avec beaucoup d’affaires sans payer trop de frais », explique Delphine, 60 ans, chargée de deux grandes valises bleues et qui attend son car pour Paris. Mais dans cette station qui compte seulement deux petits abribus, « il n’y a aucun confort ! Même pas vraiment de quoi s’abriter s’il pleut ».

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Les toilettes les plus proches sont celles du bar-tabac La Beaujoire. Sandwichs triangles et barres chocolatées au fond d’un sac plastique, Pauline, 42 ans, y a même acheté son repas. « C’est pas une gare ici, c’est un Abribus (*) ! », sourit-elle. Si la station de Nantes Haluchère est fréquentée par des centaines de milliers de voyageurs par an, elle est régulièrement critiquée pour son manque d’équipements et son emplacement excentré. « Une nouvelle sera accessible fin 2025 à côté de la gare SNCF. Ça permettra aux voyageurs de bénéficier de ses services », affirme Charles Billiard.

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