Entrée en vigueur, ce vendredi 8 août, de la nouvelle réglementation européenne sur la liberté des médias. L’EMFA (European Media Freedom Act) vise à protéger le pluralisme et l’indépendance des médias dans l’Union européenne. Chaque État membre devra ainsi se conformer aux mêmes règles, notamment concernant l’indépendance, la transparence des médias mais aussi la protection des sources.

Cette réforme intervient alors que les inquiétudes sur les pressions exercées sur les médias publics sont grandissantes. Le 21 juillet dernier, Reporters sans frontières (RSF) a publié un rapport intitulé « Pressions sur les médias publics : un test décisif pour les démocraties européennes ». L’enquête menée par RSF révèle qu’une majorité de répondants identifient des pressions d’ordre politique sur les médias de service public dans leur pays. Ces pressions se traduisent souvent par des ingérences dans la gouvernance et des changements brutaux à la tête des rédactions.

Dans 31 % des cas, les répondants rapportent la démission de journalistes après une ingérence, et dans 14 % des cas, une suspension. La suppression de la redevance audiovisuelle, utilisée par dix des 27 pays de l’Union européenne, est également pointée du doigt par RSF comme une manière de fragiliser les médias publics, souvent à des fins populistes.

« Un appel clair » à protéger les médias publics

Pour Thibaut Bruttin, directeur général de Reporters sans frontières, il y a un danger à laisser le contexte politique s’emparer du devenir des médias publics notamment en terme de financement : « Le rapport met en évidence la difficulté pour les médias de service public, qu’il s’agisse des radios ou des télévisions, de se tenir à l’écart des querelles politiques. Ils sont même devenus aujourd’hui un objet de discorde avec la volonté de la part d’un certain nombre de forces politiques de diminuer les budgets, de porter atteinte à l’indépendance de la gouvernance ou encore de mettre la main dans les programmes. »

Ainsi, l’EMFA prévoit une série de mesures pour poser des garde-fous. Selon cette réglementation, les fonds publics destinés aux médias de service public devront être suffisants, stables et prévisibles. Les procédures de nomination de leurs dirigeants devront aussi être transparentes et les mandats protégés d’éventuelles révocations arbitraires. Autre volet important : la transparence sur l’attribution de la publicité publique. Les autorités nationales devront publier chaque année des données précises sur leurs dépenses dans les médias, y compris les montants par média. Les médias, de leur côté, devront déclarer les fonds reçus via la publicité publique, y compris les soutiens en provenance de pays tiers. « C’est un appel clair que l’EMFA tient à faire en sorte qu’il y ait à la fois une stabilité, une pérennité, une prévisibilité du financement de ces audiovisuels publics, mais aussi des processus de nomination à leur tête qui soient aussi transparents et clairs, félicite le directeur général de Reporters sans frontières. Je crois que là, il y a vraiment une ambition européenne et il est important que chacun des États-membres l’embrasse. »

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