L’arrivée de Marc Marquez dans l’équipe officielle
Ducati n’a pas seulement bouleversé la hiérarchie sur la piste. En
coulisses, elle soulève aussi de nombreuses interrogations,
notamment sur la gestion interne du constructeur italien. C’est en
tout cas ce que laisse entendre Alex Barros, ancien pilote
brésilien de MotoGP, dans une interview accordée à PecinoGP, où il
livre une analyse sans filtre sur la situation actuelle de Pecco
Bagnaia, double champion du monde en difficulté.
Barros commence par une comparaison technique
sans concession entre les deux dernières machines de Borgo Panigale
: « la GP24 est une excellente moto,
c’est clair. Les résultats parlent d’eux-mêmes. Ce qui était
impossible auparavant est devenu réalité. Dall’Igna y est
très impliqué, c’est sa moto. »
Mais son jugement est plus nuancé lorsqu’il s’agit de la
GP25, utilisée par l’équipe d’usine : «
elle n’est pas meilleure que la GP24.
Elle a des caractéristiques particulières qui, si elles sont bien
exploitées, offrent un potentiel énorme. Mais à ce jour,
Marc Marquez est peut-être le seul à savoir l’exploiter, comme
l’avait fait Stoner en 2007. »
Le Brésilien se montre préoccupé par la situation de
Bagnaia, de plus en plus relégué dans l’ombre de
Marquez :
« Pecco est un excellent pilote, au niveau de Jorge Martin.
Ce n’est pas mon favori, mais il fait partie des meilleurs. Or,
il a besoin d’aide. S’il reste seul comme ça, il finira la
saison dans cet état d’abattement. »
Alex Barros :
« Pecco Bagnaia est triste, isolé, abandonné, alors que
tout le monde célèbre les vainqueurs »
« Si la moto ne progresse pas en 2026 et qu’il reste à ce
niveau, il voudra partir. On le voit déjà : il est
triste, isolé, abandonné, alors que tout le monde célèbre les
vainqueurs ».
À propos de
Marc Marquez, Barros ne se montre pas
critique, mais réaliste : « Marc sait tirer profit de certaines
situations. Ce n’est pas malveillant, mais il est
redoutable sous pression. Valentino Rossi savait faire ça
aussi. C’est une qualité rare, mais qui peut fragiliser les
autres. »
Mais c’est sur la direction de Ducati que
Barros se montre le plus virulent. Il pointe du
doigt un problème structurel persistant depuis deux décennies :
« Ducati n’a pas changé, les gens à l’intérieur sont
toujours les mêmes. Domenicali est aux commandes, et je ne
leur fais pas confiance. J’ai été là-bas, je sais comment
ils fonctionnent. Ils ne savent pas gérer les
pilotes. »
Barros évoque une longue liste de talents
broyés par le système
Ducati :
« Ils ont déjà brûlé tellement de pilotes…
Regardez les vingt dernières années : que d’échecs. Tant que ces
personnes resteront, la philosophie ne changera pas. Ce
n’est pas la faute de la marque, mais de la méthode.
Je ne sais même pas s’ils aident vraiment Pecco ou s’ils se
contentent de le tolérer. »
Un constat amer signé sur
MotoSprint par Barros, qui met en lumière les
tensions internes chez Ducati, entre gestion
politique, pressions techniques et l’ombre toujours plus grande
projetée par Marc Marquez dans le box rouge.