À Ferrals-les-Corbières, Spiktri a transformé une cave coopérative abandonnée en véritable musée de street art. Un artiste qui relève de nombreux défis en alliant le recyclage avec pour futur projet de créer le plus grand sanctuaire de planches de surfs recyclés.

Il y a cinq ans, Florent Hamel, de son pseudonyme Spiktri, et son épouse, font l’acquisition de l’ancienne cave coopérative de Ferrals-les-Corbières, laissée à l’abandon depuis plus de douze ans et devenue, avec le temps, un véritable squat. Après quatre mois intensifs de nettoyage pour redonner vie au lieu, les travaux de réhabilitation démarrent début 2020, en pleine pandémie de COVID-19.

 

À l’origine, le projet envisageait l’intervention d’artistes internationaux venus graffer les murs du futur musée. La crise sanitaire a contraint à annuler ces nombreuses collaborations. Spiktri entreprend alors la transformation du premier bâtiment en un mois seulement, avant de s’associer à Azba, un autre artiste street art basé à Canet-d’Aude, pour le second bâtiment. « Grâce à la pandémie, les gens voient uniquement du Spiktri, alors qu’à la base, ça devait être des graffeurs du Brésils et du monde entier » explique Spiktri, artiste et fondateur de son propre musée. Les deux artistes collaborent pendant un an, tout au long de la pandémie, partageant les murs à parts égales et créant plusieurs sculptures. Cette période, leur a offert un temps précieux pour poser les bases du musée et créer les futurs lieux de visite avant l’ouverture officielle du musée « Spiktri Street Art Universe ».

« Spirale signifie la vie, le carré c’est la femme, et le triangle l’homme. C’est une peinture qui est codifiée », explique l’artiste. Ce système de formes géométriques est à la base de tout son travail. Le nom Spiktri, qu’il a inventé il y a plus de vingt ans, en tire son invention : « J’avais un triptyque, j’ai fait une grande spirale, un carré et un triangle, et ce tableau je l’ai appelé Spiktri ».

Atelier de création et de réalisation de peinture et sculpture de l’artiste Spiktri.

Atelier de création et de réalisation de peinture et sculpture de l’artiste Spiktri.
L’Indépendant – Lucie Gaul

À 11 ans, il commence le graffiti au sein des murs de son collège à Narbonne, bien avant l’arrivée des bombes de peinture basse pression. « On ne pouvait pas faire de graffiti à l’époque, alors j’ai commencé à taguer les murs de mon collège », se souvient-il. Entre tags et pochoirs, il développe son art jusqu’à ses 16 ans, avant de partir faire ses études. Une rencontre déterminante l’amène à tester d’autres formes d’art, un surveillant, qui avait remarqué ses dessins, lui offre un aérographe. Il commence alors à peindre des casques de moto, des planches de surf, et découvre peu à peu l’univers de la peinture à l’huile.

18 univers

Aujourd’hui, Spiktri a créé son véritable univers, imaginé de A à Z. Lorsqu’il réhabilite les lieux, il inscrit au sol le nom des planètes qui forme l’histoire à découvrir pendant la visite du musée. Un parcours immersif, avec des histoires interconnectées qui animent le musée de façon inédite.

Loverium, une planète à la couleur de l’amour pour une ambiance plus légère.

Loverium, une planète à la couleur de l’amour pour une ambiance plus légère.
L’Indépendant – Lucie Gaul

Une planète en particulier occupe une place centrale, Artum. « C’est là que je dis que je suis née, élevé par des “Sana-Surfurs” qui circulent sur des surfs à travers des portails spatiotemporels », raconte-t-il. Ces êtres fictifs, récupèrent les déchets des autres planètes pour former d’autres espèces « contrairement à notre société ». Ce musée, est l’exposition de l’univers qu’a inventé l’artiste, un monde parallèle : »Un galeriste m’a demandé de créer mon propre univers, alors j’ai tout écrit », affirme Spiktri, écrivant tous les matins les futurs récits qui permetteront de developper encore un peu plus ses oeuvres. « Je fais comme Banksy mais fois mille », dénonce-t-il, tout en jouant avec les matières, les formes, les styles et perspectives.

À la rencontre de plusieurs univers à découvrir au fil de la visite.

À la rencontre de plusieurs univers à découvrir au fil de la visite.
L’Indépendant – Lucie Gaul

Graffitis réalisés sur les murs du musée pour renforcer l’immersion des visiteurs.

Graffitis réalisés sur les murs du musée pour renforcer l’immersion des visiteurs.
L’Indépendant – Lucie Gaul

4 000 m2 de bâtiment et deux kilomètres et demi de visite d’immenses galeries plongeant les visiteurs dans la tête de l’artiste. Au total dix-huit planètes et des éléments interactifs comme des QR codes qui renvoient sur un monde numérique permettant de compléter la visite. « Le musée, c’est le monde réel, le monde numérique et bientôt le monde papier avec la BD que je suis en train de sortir » conclut-il.

Florent Hamel ne s’arrête pas ici, il a encore de nombreux projets en préparation : « Le musée fait appel à tous les surfeurs, apportez vos anciennes planches pour qu’elles soient recyclées et intégrées au plus grand sanctuaire de planches recyclées jamais créé. » demande-t-il. Spiktri toujours prêt à réaliser d’autres sculptures d’envergures avec des matériaux recyclés, pour donner une nouvelle vie à des pièces plus utilisées.