C’est la première fois, en cet été 2008, dans l’histoire des Jeux olympiques, qu’une guerre a éclaté entre deux nations participantes. À l’heure où Pékin allume la flamme de la XXIXe olympiade de l’ère moderne, la Russie et la Géorgie s’affrontent en Ossétie du Sud, et c’est la une du JDD. Par bonheur, le conflit n’interférera pas dans les relations entre athlètes russes et géorgiens.

Ainsi, la remise des médailles de la finale du tir au pistolet à air comprimé à 10 mètres sera l’occasion d’une accolade chaleureuse entre la Russe Natalia Paderina, médaille d’argent, et la Géorgienne Nino Salukvadze, médaille de bronze. Il reste que cette guerre, qui s’est étendue à une autre province séparatiste, l’Abkhazie, causera la mort de plus d’un millier de personnes et entraînera le déplacement de 160 000 autres.

Fiasco pour la France

À Pékin, qui a rassemblé plus de 10 000 athlètes issus de 204 pays, la première journée de compétition est un fiasco pour la délégation française : aucune médaille. Mais Bernard Laporte, ministre des Sports, ne s’en émeut pas : « Je maintiens l’objectif final entre 35 et 40 médailles. » À l’arrivée, il y en aura 43 – 7 en or, 16 en argent, 20 en bronze –, le meilleur résultat depuis les Jeux de 1900, avec ce grand soleil apporté par Alain Bernard, vainqueur du 100 mètres nage libre.

Mais dans ce Centre national de natation appelé le Cube d’eau, un homme-poisson qu’on décrit solitaire, doté d’un véritable cœur d’enfant, va exploser tous les records : l’Américain Michael Phelps. Très jeune, il a été traité pour un trouble déficitaire de l’attention (hyperactivité) et a commencé à nager à l’âge de 7 ans pour tenter de canaliser son excès d’énergie. Il éclot rapidement et, à 15 ans, en 2000, il arrache sa qualification pour les JO de Sydney, devenant le plus jeune américain à concourir aux Jeux. Cinq mois après Sydney, il devient le plus jeune détenteur d’un record du monde.

Plusieurs de ses caractéristiques physiques sont particulièrement adaptées à la nage : un torse long, des jambes relativement courtes et des bras (201 cm) disproportionnés par rapport à sa taille (1,93 m). Enfin, ses grands pieds, taille 47, jouent le rôle de palmes.

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Phelps est devenu une attraction. La nuit dernière, en finale du 400 m 4 nages, il a croqué la première bouchée de son pari glouton : battre le record absolu de médailles d’or (7) dans les mêmes JO, détenu par Mark Spitz depuis 1972. Et personne ne veut rater une miette du festin du cumulard de l’onde. C’est pour offrir Phelps en prime time que la puissante NBC a imposé au CIO les finales de natation, le matin à Pékin. Le contrat sera rempli pour « The Baltimore Bullet » (la balle de Baltimore) : 8 médailles d’or et 7 records du monde. Phelps deviendra l’athlète le plus titré et le plus médaillé de l’histoire des JO avec 28 médailles, dont 23 d’or remportées entre 2004 et 2016.