C’est un mal silencieux, souvent brutal, et qui continue de
frapper sans relâche. En 2022, plus de 240.000 personnes ont été
hospitalisées pour une cardiopathie ischémique, selon Santé
publique France. Ce terme médical désigne un rétrécissement des
artères irriguant le cœur, responsable de très nombreuses
crises cardiaques. Et les chiffres sont
vertigineux : plus de 30.000 décès en 2021 étaient directement liés
à ces pathologies. Deuxième cause de mortalité dans l »Hexagone, les
maladies cardiovasculaires, dont
souffre Jeanne Manson, sont la première chez les femmes.
Des zones dans lesquelles les crises cardiaques sont les plus
importantes
Mais une réalité méconnue persiste : ces risques ne sont pas
répartis équitablement sur le territoire français. Le dernier état
des lieux publié par Santé publique France met en lumière des
contrastes saisissants entre les régions. Certaines zones affichent
des taux d’hospitalisation largement supérieurs à la moyenne
nationale. En tête de ce triste classement, on retrouve la
Corse, où le nombre d’hospitalisations est 50 % plus élevé
que dans les Pays de la Loire.
La région insulaire est suivie de près par le Grand-Est et
Provence-Alpes-Côte-d’Azur. À l’inverse, les régions les plus
épargnées sont la Bretagne, l’Ile-de-France et les Pays de la
Loire. Une disparité qui interroge, surtout lorsqu’on apprend que
même les décès liés aux crises cardiaques suivent ces tendances
régionales. Sur le plan de la mortalité, d’autres noms
surgissent.
Des risques plus accus dans ces territoires
La Normandie, les Hauts-de-France, le Centre-Val-de-Loire et
même la Bretagne, pourtant moins touchée en termes
d’hospitalisation, enregistrent les taux de décès les plus élevés.
En revanche, l’Ile-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la
région PACA affichent une mortalité bien plus contenue.
Derrière ces chiffres glaçants, les causes ne sont pas uniquement
médicales.
Selon Santé publique France, “une grande partie des
disparités observées peut s’expliquer par les différences
d’expositions aux facteurs de risque
cardiovasculaire”. En clair : notre mode de vie, nos
habitudes alimentaires ou encore notre consommation de tabac ou
d’alcool peuvent littéralement peser sur notre cœur. Parmi ces
facteurs de risque modifiables, on retrouve le tabagisme, la
mauvaise alimentation, la sédentarité, mais aussi le diabète,
l’hypercholestérolémie et l’hypertension artérielle.
Quelles sont les causes qui accentuent
les risques de crise cardiaque ?
Autant de conditions qui varient fortement selon les
territoires, en fonction de critères économiques, sociaux et même
culturels. On comprend alors mieux pourquoi certaines régions sont
plus touchées que d’autres : elles cumulent davantage de ces
risques,
comme la canicule, au quotidien. Par ailleurs, l’accès aux
soins, la densité médicale ou encore la présence de centres
spécialisés jouent un rôle important.
Une région peu équipée, où les patients consultent tardivement
ou moins fréquemment, verra inévitablement ses indicateurs de santé
cardiovasculaire se dégrader. Enfin, l’environnement
socio-économique est un autre levier essentiel : précarité,
isolement, stress chronique ou mauvaise hygiène de vie viennent
aggraver le risque. L’infarctus n’est pas qu’une fatalité médicale,
c’est aussi un révélateur d’inégalités sociales.
Pour lutter contre ce fléau, la prévention reste la clé, comme
l’avait indiqué
Jean-Pierre Foucault, victime d’une crise cardiaque. Mieux
informer sur les bons réflexes, encourager le dépistage régulier,
promouvoir l’activité physique et l’équilibre alimentaire sont des
leviers essentiels.