Par

Adrien Tisserand

Publié le

9 août 2025 à 17h17

« On constate chaque année des changements climatiques ici, au Jardin des Plantes » : le bilan est sans appel pour Vincent Vittecoq, le chef d’équipe des collections botaniques du Jardin des Plantes de Rouen, d’où la nécessité de devoir s’adapter. Comment procède-t-il dans ce grand parc ? Reportage. 

Des parasites qui résistent plus longtemps

Dans les parcelles du jardin à la française, la Pyrale du buis est une sorte de chenille qui vient grignoter les feuilles. Habituellement, cette chenille meurt en hiver avec le froid mais dorénavant, avec le changement climatique, elle résiste plus longtemps et menace davantage d’espèces.

Le Jardin des Plantes souffre aussi de la présence envahissante de frelons asiatiques, qui menacent les jardiniers comme les visiteurs, puisque les températures plus douces prolongent leur période d’activité. Les frelons asiatiques s’en prennent notamment aux feuilles et aux fruits du verger conservatoire du Jardin des Plantes.

Un climat néfaste pour la végétation

Cette « banque génétique », selon les mots de Vincent Vittecoq, renferme près de 300 variétés fruitières (pommes, poires). Mais ces pommes du verger peuvent brûler au soleil, dès lors que l’on atteint les 40 degrés.

Quant aux feuilles des arbres fruitiers, beaucoup sont percées par les orages de juin dernier, avec des impacts de grêle. Les orages ont aussi abattu un chêne rouge d’Amérique. Le parrotie de Perse, pourtant surnommé « l’arbre de fer« , a vu ses branches les plus hautes être abîmées par les épisodes de sécheresse estivale. 

Des solutions déjà en place…

Face à cette réalité, le plus connu des jardins rouennais se réinvente. Le carré des dahlias a été remplacé par des cistes. Un choix qui s’explique par une volonté de sobriété en eau et en engrais. 

Les cistes, de petits arbrisseaux originaires du pourtour méditerranéen.
Les cistes sont ces petits arbrisseaux originaires du pourtour méditerranéen. (©76Actu / AT)

Face au vieillissement prématuré de certaines espèces dans le verger, Vincent Vittecoq et son équipe utilisent des techniques « dans l’esprit des pépiniéristes du XIXe siècle » comme le greffage, qui consiste à assembler une plante avec de bonnes racines et une autre avec de bons fruits. Une manière de conserver les variétés anciennes de fruits au long terme.

L’arrosage est raisonné, tout comme la tonte du gazon pour protéger la biodiversité et aucun pesticide n’est évidemment utilisé. Le verger possède aussi des arbres fruitiers méditerranéens comme des amandiers, figuiers ou abricotiers, qui s’accommodent sans problème du climat local, tout comme l’allée des agrumes, qui vise à acclimater des agrumes et des fruits exotiques semi-rustiques, pouvant résister à des températures entre -5 et -10 degrés, comme l’avocat ou la canneberge.

La nouvelle allée des agrumes, à l'entrée du verger conservatoire.
La nouvelle allée des agrumes, à l’entrée du verger conservatoire. (©76Actu / AT)…et d’autres à venir 

D’autres espaces dédiés aux jardins du monde vont sortir de terre ces prochains mois, signe d’un renouvellement constant du Jardin des Plantes. Ce mois d’août, les travaux du futur jardin chinois vont débuter, pour une ouverture prévue en fin d’année 2025. 

L'emplacement du futur jardin chinois, sur la partie haute du parc, avec les deux lions offerts par la ville de Ningbo.
L’emplacement du futur jardin chinois, sur la partie haute du parc, avec les deux lions offerts par la ville de Ningbo. L’aire de jeux sera retirée. (©76Actu / AT)

En parallèle, il y a selon Vincent Vittecoq, une volonté de la direction du jardin de « mettre en place un îlot de fraicheur avec des plantes grimpantes » au centre du parc pour le confort des visiteurs. Enfin, un espace de conservation ex situ « prendra la forme du Chili », avec un mélange de plantes de paysages divers, du désert d’Atacama à la Patagonie. 

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