Vingt-sept logements sur un terrain de 2 500 m2. Dans la commune de Saint-Aubin d’Aubigné, en Ille-et-Vilaine, ce projet immobilier engendre des tensions entre riverains d’un côté, le promoteur et la mairie de l’autre. Dans un contexte où les communes proches de Rennes jonglent entre demandes de logements et les règles du zéro artificialisation des terres, l’affaire s’est même étendue sur le terrain judiciaire. Le tribunal administratif de Rennes étudiera le recours des habitants concernant le permis de construire le 12 août prochain. « Avant, on faisait des lotissements en extérieur de la ville, analyse Christophe Boutet, directeur associé de Korenn immobilier, le promoteur du projet. Maintenant, on les intègre à la ville, ce qui peut créer des problèmes. »

Sur le papier, le projet est composé de douze appartements type T2, douze T3 et trois T4 destinés à être construits sur deux étages rue d’Antrain et à proximité de l’allée de la Croix Moussard, une impasse où se situe la majorité des riverains plaignants.

Un panneau affiché

Les premières « tensions » ont débuté en septembre dernier. Les riverains ont eu la surprise quand ils ont vu « le panneau de permis de construire planté sur la parcelle juste à côté de chez nous », se souvient Patrick Sauvé. Un collectif de quinze personnes se crée et fait appel à un avocat pour défendre leurs intérêts avec un premier recours gracieux en octobre 2024, puis un référé de suspension de permis de construire en juillet 2025.

Ce que reprochent principalement les riverains à cette construction, c’est sa taille. « On n’est pas contre. Quand nous nous sommes installés ici il y a quelques années, on savait qu’il y avait des constructions possibles, explique Patrick Sauvé, installé dans l’impasse depuis 2005. On pensait à quelques logements, quelque chose de résonné, pas comme là. » « Nous avons toujours un dossier riverain, car nous changeons leurs habitudes », reconnaît de son côté Christophe Boutet. Sur ce dossier, il estime que « ces préoccupations relèvent d’une crainte du changement et de partager des lieux de vie et notamment en collectivité. »

Un renvoi de balle

Autre point de désaccord : le passage des voitures dans l’impasse où Accès est prévue pour les futurs locataires des appartements. « Deux voitures ne peuvent pas se croiser. Aujourd’hui, il y a huit logements. Avec le nouvel immeuble, on va passer à 35 logements. Vu la taille du projet, dans un endroit on ne peut pas se croiser, le projet n’est pas adapté à la situation », déplorent les riverains.

Pour le promoteur, il s’agit simplement « d’une crainte collective qui n’est pas fondée ». Dans ce type de projet, il explique alors que « la première préoccupation est systématiquement liée à la voiture et à la circulation, car cela engendre un partage des stationnements, de la voie, bref une modification des usages. C’est un nouveau contexte de vie qui peut provoquer des peurs ». Pour Patrick Sauvé, la réflexion va au-delà de la préoccupation. Il s’agit de sécurité avant tout. « L’impasse est utilisée, par pas mal d’enfants, car elle dessert trois terrains de foot. C’est très passant. »

Des échanges au point mort

Sur le dossier, les parties déplorent le manque de communication. Le promoteur regrette que le dossier ait été présenté devant la justice avant d’avoir engagé des discussions. « Avant toute saisine, nous avons proposé une discussion avec les riverains. Ils n’ont pas donné suite et ont préféré saisir le juge », explique Christophe Boutet.

De leur côté, les habitants de la commune expliquent avoir accepté la médiation de la part du tribunal. « Nous n’avons pas eu de nouvelles du promoteur à ce moment-là », commente Hélène Goulobkoff, également habitante de l’impasse. « La médiation proposée dans le cadre de la procédure n’avait à mon avis que pour objectif de gagner du temps (elle a pour effet de suspendre la procédure) et non de trouver réellement une solution », se défend de son côté Korenn immobilier.

Si le référé de suspension a lieu ce mardi 12 août, le fond du dossier ne sera étudié qu’en 2026. Le maire de la commune n’a pas souhaité faire de commentaire sur l’affaire.