Alors que Benyamin Netanyahou a annoncé jeudi 7 août son plan d’occupation totale de Gaza, l’un des derniers pays à le soutenir inconditionnellement vient de lui infliger en revers. Par la voix de son chancelier, Friedrich Merz, l’Allemagne a en effet a annoncé ce vendredi 8 août la suspension de l’exportation des armes qu’Israël pourrait utiliser à Gaza.
Il devient « de plus en plus difficile de comprendre » en quoi le plan militaire israélien permettrait d’atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza et, « dans ces circonstances, le gouvernement allemand n’autorise pas, jusqu’à nouvel ordre, les exportations d’équipements militaires susceptibles d’être utilisés dans la bande de Gaza », a déclaré, dans un communiqué, le chancelier conservateur.
« Le gouvernement allemand reste profondément inquiet de la souffrance continue de la population civile dans la bande de Gaza, a-t-il ajouté. Avec l’offensive prévue, le gouvernement israélien porte une responsabilité encore plus grande » en ce qui concerne l’aide aux civils dans le territoire palestinien, a-t-il continué.
Le chancelier a réitéré son appel en faveur d’un accès complet pour « les organisations de l’ONU et d’autres institutions non gouvernementales ». « Le gouvernement allemand demande instamment au gouvernement israélien de ne pas prendre de nouvelles mesures en vue d’annexer la Cisjordanie », a-t-il conclu.
Cette décision marque un changement de cap majeur de la diplomatie allemande, un pays où le soutien inconditionnel aux gouvernements israéliens constitue, selon la formule d’Angela Merkel en 2008, une « raison d’État » jusqu’ici incontestée en raison de la responsabilité historique de l’Allemagne dans la Shoah.
Ces dernières semaines, le chancelier, entré en fonction le 6 mai dernier, s’était retrouvé coincé entre ce dogme et une double pression. Celle de sa propre opinion publique d’abord : selon un sondage publié fin juillet par la télévision publique ZDF, 80 % des Allemands désapprouvent l’action d’Israël à Gaza, une proportion massive à laquelle ont été sensibles les alliés sociaux-démocrates du chancelier. Celle ensuite de l’élan diplomatique créé par l’annonce, par Emmanuel Macron, de la reconnaissance d’un État de Palestine par la France en septembre prochain, lors de l’assemblée générale de l’ONU. La Grande-Bretagne, autre poids lourd européen, et le Canada, membre du G7, ont également annoncé leur intention, malgré certaines conditions, de reconnaître un État de Palestine. Friedrich Merz n’en est pas encore à rejoindre ce mouvement, mais il n’en est plus à son soutien aveugle d’une politique génocidaire. Sa déclaration contient pourtant une limite : les armes allemandes pourraient toujours être utilisées en Cisjordanie occupée, par exemple. L’Allemagne est le deuxième fournisseur d’Israël et représente 30 % des importations d’armes de Tel-Aviv. Les exportations allemandes comprennent des composants de défense aérienne, des munitions et des technologies pour le développement d’armes.
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