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Classés par âge, couleur des yeux ou « niveau d’obéissance », près de 300 enfants ukrainiens volés seraient mis en vitrine sur un site russe, dénonce l’ONG Save Ukraine.
Publié le 9 août 2025 à 18h54
l’Ukraine affirme que près de 20 000 enfants ont été transférés de force en Russie. Sebastian Willnow/DPA/SIPA
Près de 300 enfants ukrainiens apparaissent dans un « catalogue » en ligne, photographiés, classés par âge, couleur des yeux, état de santé ou même « niveau d’obéissance ». Sur X, le fondateur de l’ONG Save Ukraine, Mykola Kuleba, a révélé l’existence, vendredi 7 août, de ce site hébergé par l’administration prorusse de Louhansk. Certains de ces enfants sont orphelins, d’autres ont été enlevés à leurs familles, et tous sont présentés « comme des produits dans une boutique en ligne ».
Russia isn’t even trying to hide it anymore. It’s openly trafficking Ukrainian children.
On official platforms, Ukrainian orphans are displayed like products in an online marketplace.
Full-face photos. Age. Eye color. Health status. Even “obedience level.” Filterable. Sortable.… pic.twitter.com/SYcRxlx0JD
— Mykola Kuleba (@MykolaKuleba) August 7, 2025
« Il ne s’agit pas d’adoption ou de soins, mais d’un trafic numérique d’enfants, déguisé en bureaucratie », accuse Mykola Kuleba. Selon l’ONG, certains mineurs sont réenregistrés avec de nouveaux papiers, rendant plus difficile toute tentative de rapatriement. L’objectif serait de les intégrer dans des familles russes, de les exposer à la propagande anti-ukrainienne et d’effacer leur identité d’origine.
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Depuis 2014, l’Ukraine affirme que près de 20 000 enfants ont été transférés de force en Russie ou dans les territoires occupés. Selon les autorités, le nombre réel d’enfants volés pourrait être dix fois supérieur à celui annoncé. Ces enlèvements massifs ont conduit la Cour pénale internationale à inculper Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova, commissaire aux droits de l’enfant, pour crimes de guerre. Selon The Kyiv Independent, seuls 1 480 enfants ont pu être rapatriés à ce jour.
Des voix internationales alertent également sur cette réalité alarmante. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a estimé que le transfert forcé d’enfants ukrainiens vers la Russie constitue une violation claire du droit international humanitaire, et peut être assimilé à un crime de guerre. Le Parlement européen, de son côté, a reconnu ces actes comme contraires aux conventions fondamentales relatives aux droits de l’enfant et au droit de la guerre.