466 partisans de l’organisation Palestine Action ont été arrêtés samedi 9 août à Londres au cours d’une manifestation de soutien. Le réseau propalestinien interdit depuis début juillet est classé « organisation terroriste ».
La police londonienne a procédé à ces interpellations pour « soutien à une organisation interdite ». Pour la capitale, il s’agit d’un des plus grands nombres d’interpellation pendant une seule manifestation. Les forces de l’ordre ont précisé avoir arrêté ou être « en train de le faire » toutes les personnes ayant brandi la pancarte « Je m’oppose au génocide, je soutiens Palestine Action ». Sur place, des manifestants ont porté d’autres pancartes comme « Agir contre le génocide n’est pas un crime » ou « Free Palestine ».
« Qu’ils nous arrêtent tous »
« Ce gouvernement est allé trop loin. Je n’ai rien à me reprocher », a déclaré Richard Bull, un Londonien de 42 ans dans un fauteuil roulant, « Qu’ils nous arrêtent tous ». De nombreux drapeaux palestiniens étaient visibles dans la foule, à quelques pas de laquelle étaient alignées des voitures de police.
Les forces de l’ordre avaient mis en garde les participants contre les « potentielles conséquences pénales » de leurs actes. Les personnes arrêtées n’ont pas opposé de résistance, beaucoup formant un « V » de la victoire avec leurs doigts, sous les applaudissements d’autres manifestants.
Une prochaine vague d’actions prévue en septembre
Palestine Action a été ajoutée début juillet à la liste des organisations considérées comme « terroristes » au Royaume-Uni, après des actes de vandalisme perpétrés par ses militants, notamment sur une base de l’armée de l’air. Le groupe Defend Our Juries organise depuis des manifestations pour protester contre cette interdiction, jugée « disproportionnée » par l’ONU.
« Nous continuerons tant que le gouvernement tentera de faire taire ceux qui dénoncent sa complicité dans des crimes de guerre », a réagi Defend Our Juries dans un communiqué. « Nous sommes déjà de plus en plus nombreux à nous préparer pour la prochaine vague d’actions en septembre ».
« L’arrestation de manifestants par ailleurs pacifiques constitue une violation des obligations internationales du Royaume-Uni de protéger les droits à la liberté d’expression et de réunion », a dénoncé l’ONG Amnesty International samedi sur X. Le gouvernement britannique affirme que les sympathisants de Palestine Action « ne connaissent pas la vraie nature » de ce mouvement. « Ce n’est pas une organisation non violente », a assuré la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper, disant disposer d’« informations inquiétantes » sur ses projets.
Jusqu’à six mois de prison
Plus de 200 de ses partisans avaient déjà été interpellés avant la manifestation de samedi, selon Tim Crosland, un représentant de Defend Our Juries. Trois personnes ont été inculpées en vertu de la loi antiterroriste jeudi pour avoir exprimé leur soutien à Palestine Action, une infraction passible de jusqu’à six mois de prison. L’appartenance à un groupe interdit ou l’incitation à le soutenir peut quant à elle valoir jusqu’à 14 ans de prison.
L’interdiction de Palestine Action a donné lieu à une action en justice entamée par Huda Ammori, cofondatrice en 2020 de cette organisation qui se présentait comme un « réseau d’action directe » visant à dénoncer « la complicité britannique » avec l’Etat d’Israël, en particulier sur la question des ventes d’armes. La justice britannique doit examiner ce recours en novembre.