C’est une annonce qui a provoqué l’indignation quasi-unanime de la communauté internationale. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le cabinet de sécurité israélien a approuvé le plan présenté par Benyamin Netanyahou concernant la bande de Gaza. Si le Premier ministre israélien a réfuté toute intention de « gouverner » l’enclave, dans une interview à Fox News, il a confirmé sa volonté d’en prendre le contrôle pour en chasser le Hamas.

VidéoNetanyahou redit la volonté d’Israël de prendre le contrôle de la bande Gaza

Que va-t-il désormais se passer ? Bien que l’objectif soit le déploiement de l’armée dans l’ensemble de l’enclave palestinienne, les premiers mouvements vont se dérouler dans la seule ville de Gaza.

Évacuation d’un million de civils

La phase initiale de cette opération prévoit le déplacement de plus d’un million de Gazaouis, avant la date symbolique du 7 octobre 2025 – deux ans après les attaques terroristes du Hamas -, en amont de ses opérations terrestres. Ils seront envoyés vers le Sud, en direction de camps de réfugiés, mais pas seulement. « Lorsqu’une opération majeure débutera dans la ville de Gaza, la population civile se verra offrir la possibilité d’évacuer (…) vers d’autres zones, pas nécessairement seulement vers les camps (du centre de l’enclave) », a ainsi précisé le quotidien israélien Haaretz, citant plusieurs sources gouvernementales.

Dans le même temps, le gouvernement israélien compte « inonder Gaza d’aide humanitaire », jusqu’à quatre fois plus que ce qui est actuellement délivré selon I24 News, avec l’appui du gouvernement américain. Mais cette aide humanitaire ne sera délivrée qu’« en dehors des zones de combats », selon le plan validé par le cabinet de sécurité israélien.

L’ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, a quant à lui annoncé que les Américains prévoyaient d’ouvrir et de financer 16 nouveaux centres d’aide humanitaire, sur le modèle de la controversée Fondation humanitaire pour Gaza (GHF) pilotée par les deux pays. D’autres éléments logistiques comme des hôpitaux temporaires ou des tentes pourraient être intégrés à ce bouquet d’aide. « Ensuite, les troupes encercleront la ville et opéreront à l’intérieur » pour éliminer les « bastions terroristes », indique la radio publique Kan.

Conquête « totale » de la bande de Gaza ?

Et après ? Benyamin Netanyahou a été plus flou sur la phase qui succède à la conquête de Gaza-ville. Si l’on sait qu’Israël entend désarmer le Hamas et démilitariser la bande de Gaza, on ignore encore comment Tsahal compte procéder.

Malgré les réticences d’Eyal Zamir, chef d’état-major de l’armée israélienne, Benyamin Netanyahou a brandi ces derniers jours la menace d’une conquête « totale » de la bande de Gaza. Un objectif répété lors d’une interview diffusée vendredi par la chaîne américaine Fox News. « Oui, c’est notre intention, dans le but d’assurer notre sécurité et d’éliminer le Hamas », a-t-il expliqué.

Il a affirmé vouloir ensuite « passer le relais à des forces arabes qui y gouverneront (…) correctement », sans « menacer » Israël et « en offrant une vie agréable aux habitants ». Cette « administration civile » ne sera « ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne », a-t-il insisté. D’après le journal Maariv, Netanyahou prévoit d’y établir une « zone de contrôle sécurisé » afin de prémunir Israël d’une future attaque.

La question des otages

L’opération devrait durer au total entre quatre et six mois, mobilisant entre quatre et six divisons. Une source avance plus précisément, toujours au journal Maariv, que « Tsahal devra mobiliser au moins six divisions de réserve, chacune comptant environ 250 000 soldats ». Ces déploiements supplémentaires impliquent que les réservistes vont être mobilisés plus de 74 jours par an, le seuil maximal que Zamir avait promis de ne pas franchir.

Et les otages dans ce plan ? Benyamin Netanyahou fait toujours du retour des Israéliens kidnappés, morts ou encore vivants, un objectif de la guerre qu’il mène au Hamas. Mais cette question tend très fortement la société, et les familles d’otages ont trouvé des relais dans l’armée. Le chef d’état-major lui-même, opposé à l’opération selon la presse israélienne, semble ne pas croire compatibles l’objectif de la libération des otages et la poursuite de l’action militaire à Gaza. Sur X, le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a affirmé pour sa part que le plan de Netanyahou allait « conduire à la mort des otages, au meurtre de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et provoquer un effondrement politique ».