Il est l’une des stars du recrutement estival narbonnais, en provenance de l’USAP, le solide centre fidjien Apisai Naqalevu vient apporter son expérience du haut niveau à une jeune équipe orange et noir avec l’objectif de l’amener le plus haut possible
Il traîne son imposante carcasse sur le terrain d’entraînement du Racing Club Narbonnais. Arrivé plus tardivement au cours de la préparation à la prochaine saison de Nationale, en raison des vacances imposées par la Ligue Nationale de rugby, Apisai Naqalevu trouve petit à petit ses marques mais aussi son rythme dans le collectif narbonnais.
Arrivé en France, il y a dix ans, à l’US Dax, le robuste centre fidjien va découvrir, à la rentrée, un nouveau championnat après avoir sillonné la Pro D2 et le Top 14 (175 matches en professionnel). C’est à Perpignan que le joueur de 35 ans a passé ses deux dernières saisons, sans être conservé par le club catalan à l’issue du dernier exercice.
Une fin de saison éprouvante pour « Api », endeuillé par la perte de son père, alors que son équipe jouait sa survie en Top 14 dans un irrespirable access-match à Grenoble (11-13). « Le dernier match de la saison à l’USAP a été une double épreuve pour moi, je n’ai pas pu y assister car j’enterrais mon père, aux Fidji, mais j’ai envoyé une vidéo d’encouragement aux gars, je voulais absolument que l’USAP reste en Top 14 », confie-t-il, d’un air réservé, qu’il partage avec beaucoup d’hommes du Pacifique.
Un atout puissance
C’est non loin des Pyrénées que Naqalevu a rebondi. « Beaucoup de clubs me voulaient, j’ai choisi Narbonne, pour sa proximité avec Perpignan mais aussi parce que je pensais qu’ils allaient réussir à monter en Pro D2, explique celui qui était policier avant de briller sur les terrains de rugby à XV et à VII et de se faire recruter par Jérôme Daret, alors directeur sportif de Dax, en 2015 (et futur champion olympique en 2024, à la tête de France VII). Je ne connaissais pas du tout Narbonne, j’ai cherché des infos sur Google et j’ai vu que c’était une petite ville, je préfère être ici que dans une grosse ville. »
Une « petite ville » bien plus peuplée que son village natal de Botenaulu, au nord de Suva, la capitale des Fidji. Recruté pour remplacer Parataiso Silafai-Lea’ana au centre de l’attaque narbonnaise, Apisai Naqalevu va apporter toute son expérience du haut niveau, mais pas que. « Il arrive d’un niveau supérieur, il est vite connecté sur les lancements et sur les structures de jeu. On voulait de la densité, il en a, je pense. C’est vraiment très costaud, donc c’est sûr qu’il va nous mettre dans l’avancée », se réjouit Gilles Bosch, entraîneur des trois quarts, presque content d’avoir raccroché les crampons pour éviter de croiser le robuste fidjien (1,84 m pour 111 kg) en opposition à l’entraînement.
« Sur le terrain, ça déménage, il te remet toujours l’équipe dans l’avancée, que ce soit en défense ou en attaque, note Lucas Bachelier, venu dans ses valises en provenance de l’USAP, à moins que ce soit le contraire. Il peut te débloquer des situations, pour te remettre dans le momentum, te permettre d’avancer… et puis, l’expérience aussi, comme il y a beaucoup de jeunes joueurs autour, avec Peter (Betham), ça peut être pas mal… »
Le centre australien, parmi les tauliers du Racing, à 36 ans, a joué trois saisons avec Naqalevu à Clermont (de 2018 à 2021), et a forcément joué dans l’arrivée du Fidjien sur les bords de la Robine. « Je le connais très bien, c’est un super mec. Quand Narbonne m’a fait une proposition, je lui ai envoyé un message pour avoir son ressenti. Aujourd’hui, il m’aide aussi dans l’intégration », détaille « Api ». « On est les deux vieux de la ligne arrière, mais l’âge ne compte pas (rires). »
« Ils se connaissent bien et surtout ils ont des profils très différents, il va pouvoir permettre à Peter de faire ce qu’il fait de mieux, encore mieux », analyse Bosch.
On veut maintenant prouver.
La saison passée, le centre fidjien a disputé 20 rencontres mais sa saison a été émaillée d’une suspension, après son carton rouge suite à un geste mal maîtrisé sur Nicolas Depoortere lors de la 6e journée à Bordeaux. Suspendu six semaines, l’ex Catalan a écopé de quatre cartons jaunes sur le reste de la saison surtout sur des plaquages un peu trop agressifs. « Quand tu t’engages à 200 %, que tu fais 110 kg, que tu es agressif, que tu aimes ça… de temps en temps, tu as des accidents », reconnaît Bachelier.
Plutôt utilisé comme un impact player, ces dernières saisons, Apisai arrive en Nationale avec son CV étoffé mais sans pression. « Je n’en ai pas, je prends de l’âge oui, mais c’est bien de pouvoir venir ici montrer ce que j’ai pu apprendre plus haut en Top 14 », clame le Fidjien, qui s’est installé à un quart d’heure de Narbonne.
Celui dont la dent en or vient faire briller le sourire, s’est mis en quête d’un objectif très clair : « Je veux aider à faire monter le club en Pro D2, il y a ici beaucoup de bons joueurs qui s’entraînent dur… on veut maintenant prouver. On va tout faire cette saison pour réussir cet objectif. »
Mardi soir, c’est au stade Raoul-Barrière, à 19 h 30, qu’Apisai Naqalevu devrait porter le maillot du Racing pour la première fois, dans un amical face à Béziers. Une première opportunité pour lui de faire étalage de sa puissance et figurer parmi les moteurs du RCN version 2025-2026.