Dans une grotte du Comminges, un spéléologue a découvert deux chevaux sur une paroi, imitant les peintures de la préhistoire. Ces « mauvaises blagues » se multiplient dans les cavités pyrénéennes, risquant de tromper les archéologues et d’endommager des sites vieux de milliers d’années.
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C’est au détour d’une nouvelle expédition dans les cavités du Comminges que Daniel Quettier, président de la Société méridionale de spéléologie et de préhistoire, a fait la découverte cette semaine. Sur les parois d’une grotte de la commune de Juzet-d’Izaut (Haute-Garonne), deux chevaux peints, à première vue proches des œuvres vieilles de plus de 10 000 ans, semblaient surgir du passé.
Mais le verdict ne s’est pas fait attendre pour l’expert : il s’agit d’un faux. « C’est la deuxième fois depuis le début de l’année que cela arrive dans le secteur », déplore Victor Riout, secrétaire de la section préhistoire de l’association. « Cela détériore les parois, ce sont des lignes naturelles qui sont là depuis des siècles. Les gens pensent peut-être faire une mauvaise blague, mais cela ne fait rien d’autre que dégrader. »
Avec plus de 3 000 cavités répertoriées en Ariège, Haute-Garonne et Hautes-Pyrénées, les faussaires ont l’embarras du choix. Si certaines grottes, bien connues du grand public, bénéficient d’une protection et d’une surveillance, la grande majorité reste libre d’accès… et sans contrôle.
« Nous ne voulons pas la fermeture de ces cavités », insiste Vivien Riout. « Nous voulons simplement que les gens soient respectueux. Mais les grottes sont parfois saccagées, détériorées par des peintures ou victimes de fouilles clandestines alors que seuls les archéologues sont autorisés à intervenir. C’est dommage… »
Ces imitations de peintures, parfois réalisées dans des cavités encore inexplorées, posent également un autre problème aux archéologues. Certaines peuvent, au premier coup d’œil, prêter à confusion et être prises pour de véritables gravures préhistoriques.
Dans le cas de la découverte de Juzet-d’Izaut, l’œil averti de Victor Riout a rapidement percé le mystère : « Il y aurait pu avoir un léger doute avec le cheval du haut, mais il a été immédiatement levé par les pigments rouges, beaucoup trop éclatants. Il y a aussi un petit cheval réalisé au pochoir, et cette technique n’existait pas à l’époque. »
La fausse peinture préhistorique découverte à Juzet-d’Izaut.
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© Daniel Quettier
En réalité, recréer fidèlement une peinture vieille de plusieurs millénaires est très difficile. « Les hommes préhistoriques étaient de véritables artistes, très talentueux. Ils savaient parfaitement jouer avec le volume naturel des parois pour donner vie aux formes », assure le secrétaire de la section préhistoire de la société méridionale.
Raison de plus, selon Vivien Riout, de mettre un terme à ces “mauvaises blagues” qu’il considère comme des “insultes aux artistes préhistoriques”. Il invite plutôt les curieux à admirer les véritables merveilles laissées par nos ancêtres, visibles dans plusieurs sites remarquables d’Occitanie, comme la grotte de Niaux en Ariège, celle du Pech Merle dans le Lot ou encore la grotte de Gargas dans les Hautes-Pyrénées.