Malgré les fenêtres ouvertes aux moustiques, certaines nuits d’été, il peut sembler impossible de rafraîchir l’appartement. Vous êtes peut-être victime d’un îlot de chaleur. Béton, pierres, parkings, absence de végétalisation et d’eau : la chaleur caniculaire est piégée par les matériaux en journée et se restitue lentement pendant la nuit, créant une sorte de microclimat pénible en été, avec une grosse différence de température entre les centres urbains et les zones rurales autour. 

481 communes cartographiées chez nous

Alors, vivez-vous entouré de quartiers qui favorisent cet effet ou qui le diminuent ? Pour répondre à cette question, un établissement public a fourni un gros travail cartographique. En croisant plusieurs données, notamment satellitaires à très haute résolution, le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) a soigneusement reporté les LCZ ou « Local climate zones » du territoire. De petites zones qui agissent toutes à la leur manière sur les températures, et qui peuvent par exemple représenter les contours d’un parking, un pâté de maison, un petit bois, une plage de sable, un parc municipal…

En France, l’organisme distingue 16 types de LCZ. Sept d’entre eux concernent des zones naturelles (forêts denses, sols nus, plans d’eau, etc.), et 9 des zones bâties, plus ou moins hautes, plus ou moins denses. Chez nous, ce sont les régions de Grenoble, Annecy, Annemasse, Chambéry, Valence et Avignon qui ont été ciblées. Un travail qui représente un peu moins de 500 communes.

Et vous, dans quel type de zone habitez-vous ? Et comment sont classifiés les quartiers qui vous entourent ? Quel effet sont-ils susceptibles d’avoir sur la température en période caniculaire ? Si votre commune a été cartographiée par le Cerema, découvrez tout ça ci-dessous dans notre module interactif. Il suffit de sélectionner une zone puis d’entrer votre adresse.

Quel impact a l’urbanisme de votre quartier sur la chaleur caniculaire ? Sélectionnez une zone dans le module ci-dessous, puis entrez votre adresse.

Habiter dans une zone colorée d’une nuance de rouge inquiétante signifie-t-il forcément que vous vivez dans une fournaise irrespirable ? Attention : ça dépend. « Une petite zone rouge perdue au milieu d’une grande zone de verdure n’agira pas du tout de la même manière qu’une gigantesque ville tout en rouge sans espace vert », décrypte Loëna Trouvé, de la direction technique du Cerema. « Malgré le fait qu’entre les deux zones le comportement thermique des matériaux est identique, et que la chaleur est stockée, une petite zone isolée pourra être rafraîchie plus rapidement par son environnement végétal, et ne créera pas forcément un « grand dôme de chaleur » à elle toute seule ».

Jusqu’à +5 °C au centre de Grenoble

Si une petite commune, malgré quelques immeubles compacts, n’est pas toujours victime d’un tel « dôme de chaleur », d’autres villes ne peuvent pas en dire autant. C’est notoirement le cas de Grenoble, bien consciente du problème et « en avance sur la problématique » d’après le Cerema.

Pour mesurer l’impact de chaque quartier sur la chaleur ambiante, la municipalité a relevé la température avec plus de 30 capteurs disséminés dans toute la commune (visualisés avec des cercles gris sur la carte ci-dessous). Objectif  : comparer la chaleur des rues avec une température de référence, mesurée par la station météo du Versoud, dans la campagne à quelques kilomètres de là. Et le résultat est édifiant. Les différences de températures maximales (la nuit) peuvent dépasser les 5 °C. Sans toutefois qu’elles dépassent le degré Celsius en journée.

Avec cet exemple de Grenoble, on serait tenté d’adhérer à l’idée d’un urbanisme moins dense, plus pavillonnaire. Erreur, selon Loëna Trouvé ! « Attention à l’étalement urbain ! Plus on étale les constructions, plus on élargit l’îlot de chaleur », précise-t-elle, car les pavillons et leurs petits jardins posent aussi leurs problèmes, par exemple d’écoulement des vents. « Il vaut mieux adapter finement la zone dense en y rajoutant de la végétation et des espaces verts plutôt que de bétonner plus de campagne aux alentours ».