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Publié le 10/08/2025 22:08
Temps de lecture : 4min – vidéo : 4min
États-Unis : Donald Trump, des liens anciens avec la Russie ?
(France 2)
4min
Donald Trump a-t-il été recruté par le KGB dans les années 1980 ? C’est la rumeur que l’on entend depuis plusieurs années. Des fichiers secret-Défense sèment le trouble.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Donald Trump a-t-il été un agent au service de Moscou, un interlocuteur du KGB ? Sur les réseaux sociaux et dans les médias ukrainiens, la théorie est parfois relayée. « Trump recruté par Moscou », « Donald Trump est-il un agent russe ? », peut-on lire sur certaines unes de journaux.
Le milliardaire a toujours démenti fermement. Mais qu’en est-il vraiment ? Notre enquête commence à Prague, dans les archives des services secrets tchécoslovaques. Donald Trump est entré dans le viseur des services secrets de l’Est en 1977, le jour de son mariage avec sa première femme, Ivana, une Tchécoslovaque émigrée aux États-Unis. Les faits et gestes de la famille sont surveillés. Ce sont parfois des détails anodins. « Donald Trump Jr., le fils de deux ans, s’est cassé la jambe », peut-on lire dans une des archives. Mais dans une autre note, huit ans plus tard, ce sont les ambitions politiques de Donald Trump qui sont observées. « Il est convaincu qu’il est le prochain président, même si cela semble utopique », lit-on. « Dans les années 1980, la stratégie des espions, c’était de nouer des contacts avec des personnes importantes à l’ouest. Donald Trump était une cible idéale », a expliqué Pavel Makovička, archiviste.
La source des informations a de quoi surprendre : c’est le beau-père de Donald Trump. Miloš Elmiček, le père d’Ivana, était en effet un informateur des services secrets et il n’était pas le seul. L’entourage tchèque d’Ivana et Donald Trump était un vrai nid d’espions au service de Moscou. Nous avons retrouvé la trace de l’un d’entre eux, Jaroslav Jansa, alias agent Yarda, proche de la famille d’Ivana. Il a rencontré Donald Trump. « J’étais un homme d’affaires à l’époque. Et Trump, ce mafieux, avait des projets. Il voulait travailler avec la Tchécoslovaquie à l’époque. Mais bon, passons », a-t-il confié.
Si les Tchécoslovaques se sont contentés d’observer Trump, le KGB serait allé bien plus loin. En 1987, dix ans après leur mariage, Donald et Ivana Trump sont invités en Russie. Lui rêve de construire une Trump Tower à Moscou et l’assume. « La principale agence soviétique de tourisme était intéressée pour construire et gérer un hôtel à Moscou. Je me suis envolé pour Moscou », estimait-il à l’époque. Mais derrière le voyage d’affaires, selon des experts, il faut y voir la main des espions qui l’auraient attiré pour tenter de nouer des liens avec l’homme d’affaires américain. « Trump n’était pas un agent en tant que tel du KGB, mais ce qu’on appelle un contact confidentiel. Et un contact confidentiel, c’est quelqu’un qui n’est pas payé en tant que tel, qui ne sait pas forcément qu’il est recruté ou en tout cas qu’il est appelé à travailler pour le KGB, mais à qui on rendait service et qui, lui-même, rendait service », a raconté le journaliste Régis Genté.
Est-ce le premier service rendu ? À son retour de Russie, Donald Trump achète un espace dans trois des plus grands journaux américains et exprime pour la première fois une défiance vis-à-vis de l’OTAN qu’il partage encore aujourd’hui. « Pourquoi ces pays ne paient-ils pas les États-Unis pour les vies humaines et les milliards de dollars que nous perdons en protégeant leurs intérêts ? », s’était-il alors interrogé.
« En politique étrangère, il a défendu exactement ce que le KGB voulait », a jugé Craig Unger, auteur de « American Kompromat ». La charge contre les alliés des États-Unis a-t-elle été soufflée par Moscou ? Si rien ne prouve que Trump ait été conscient de toutes ces tentatives russes pour l’approcher, il a toujours présenté tous les critères d’une cible idéale, un potentiel qui n’a jamais échappé à Moscou.