Après 1h10 de retard, enfin, le train Intercités en provenance de Bordeaux rentre en gare Saint-Charles. L’un des rares qui circule encore en ce week-end de départs. Depuis jeudi en effet, et jusqu’à ce mardi au moins, en fonction des conditions météorologiques, la SNCF a décidé d’annuler trois allers-retours par jour sur la ligne Marseille – Bordeaux : alors qu’une vague de chaleur frappe une nouvelle fois le Sud de la France (lire aussi p15), l’opérateur souhaitait « prévenir les pannes potentielles de climatisation liées aux très hautes températures ».

Parmi les voyageurs qui descendent des rames ce samedi midi, Bruce en a fait les frais, sur la route de ses vacances dans les Alpes. « Mon train entre Bordeaux et Montauban a été annulé avant-hier, j’ai dû prendre un BlaBlaCar », raconte-t-il. Son billet immédiatement remboursé, il est davantage ennuyé par le retard du jour. « Le prochain train pour Briançon est dans trois heures, il va falloir faire preuve de beaucoup, beaucoup de patience », soupire le quadragénaire. « On est habitués, ça arrive souvent les retards sur cette ligne », ironise plus loin Tommy, la trentaine. « Pas une seule fois où je l’ai pris il n’est arrivé à l’heure ! »

C’est que les voitures Corail qui opèrent cette liaison sont vétustes, vieilles d’une cinquantaine d’années. « Leur conception ancienne ne leur assure pas la même robustesse que celle des trains plus récents dans certaines conditions météorologiques comme celles rencontrées à partir de jeudi », reconnaît la SNCF pour justifier ces « allègements temporaires » (sic) sur les trains de mi-journée.

22 rames dès 2028

Déjà les 24 et 25 juin derniers, l’opérateur avait fait le choix d’annuler quatre trains par jour sur cette même ligne, pour les mêmes raisons. Une situation dénoncée par la CGT cheminots. « Intercités bat des records, cette année », déplorait la fédération au début du mois de juillet. À l’été 2024, les annulations avaient pourtant été beaucoup moins nombreuses. « C’est bien une question d’investissements en personnels et d’anticipation qui fait la différence », tacle l’organisation.

Alors que le Conseil d’orientation des infrastructures recommandait une réduction du service sur la liaison faute de nouvelles rames, l’ex-ministre des Transports Clément Beaune a finalement ouvert le portefeuille. Fin 2024, il a annoncé 650 millions d’investissements pour 22 nouvelles rames Oxygène, dont l’arrivée est prévue entre 2028 et 2029. Juste à temps pour l’ouverture à la concurrence annoncée pour 2030.