La Marseillaise : Qu’est-ce qui a provoqué depuis quelques années un engouement pour le sport-santé ?

Dr Hervé Collado : Il y a surtout eu un emballement d’un point de vue politique d’abord. Certaines régions ou municipalités, comme ça peut être le cas de Marseille, ont mis en place de nombreuses activités pour aller dans ce sens. Si l’on doit retenir la caractéristique principale du sport-santé, c’est le traitement par le sport. Ou plutôt le sport comme médicament grâce à des mesures.

Lesquelles ?

H.C. : Les premières mesures visaient les ALD (affection longue durée) que l’on prend en charge à 100%. Les patients avec de l’hypertension, du diabète et des AVC ont pu bénéficier dans certains endroits en France de prises en charge par les activités sportives, car il a été prouvé scientifiquement que toutes ces pathologies chroniques sont améliorées par l’activité physique. Puis, de nombreuses associations se sont développées autour de la prise en charge des cancers et des patients atteints de cancers. On s’est aperçu que l’activité sportive permettait de diminuer la prise de traitements antalgiques contre la douleur. Ces patients arrivent à recouvrir une forme physique beaucoup plus rapidement que des non-sportifs.

Est-ce que l’organisation des JO de Paris 2024 a contribué à l’effervescence du sport-santé ?

H.C. : Les JO ont surtout permis d’accentuer le côté prévention du sport-santé qui s’est développé six ans en arrière. Et on a clairement surfé sur les Jeux pour promouvoir le sport chez les jeunes. Aujourd’hui, on sait que les jeunes (enfants et adolescents) sont moins actifs physiquement que les jeunes nés avant les années 2000. Ceux nés à partir de 2000 ont perdu 30% de leurs capacités cardiovasculaires, parce qu’ils sont devenus plus sédentaires du fait de la malbouffe et des écrans.

Même constat chez les personnes les plus âgées ?

H.C. : Paradoxalement, on a des séniors plus actifs qu’avant. C’est une frange de la population qui a compris qu’il faut être actif pour bien vieillir. De plus en plus d’activités physiques sont ouvertes aux séniors. Ça peut être de la course à pied, de la marche ou de la natation.

Êtes-vous optimiste sur l’avenir de la société concernant le sport ?

H.C. : On va devoir se battre pour garder les gens en forme. Les IA et les écrans nous submergent. On est de plus en plus fainéants. J’ai peur que l’évolution de la société n’incite pas à la pratique d’activité physique. Ça provoquera une flambée de l’obésité. Ce n’est pas de la grossophobie, je parle de santé pure. C’est bien d’être tolérant sur l’inclusion, sauf que l’obésité tue.