Dans le bourg de cette ville d’environ 2 800 âmes, le lendemain du drame, quelques passants ignorent encore ce qui s’est joué à quelques mètres de la mairie. « Je n’étais pas du tout au courant », confie un habitant. D’un autre côté, à la sortie de certains commerces ouverts ce dimanche matin, les langues se délient pour faire preuve d’un certain désarroi. Dans la boulangerie, les clients vont et viennent. « Certains nous parlent et se demandent comment ça a pu se produire », s’interroge Noémie, la boulangère.

La commerçante a appris tôt le samedi ce qu’il s’était passé. Elle accuse encore un peu le coup, car les deux filles de la victime ont réalisé un stage dans sa boutique. « Nos salariés arrivent tôt. Ils ont vu qu’ils ne pouvaient pas passer dans la rue et nous l’on dit directement. Puis ; on a appris. On voyait la femme passer avec ses enfants dans la rue. »

En revenant d’un festival

Élodie est une voisine de la victime. « J’habite juste en face. On rentrait d’un festival et on a vu le drap blanc étendu sur le sol. Les gendarmes bloquaient la route et tout le quartier. On pensait à un accident de voiture au départ. »

Les faits de la nuit restent gravés dans sa tête. « On n’arrête pas d’y penser. Une femme qui perd la vie à cette époque, ça n’est pas possible. On ne comprend pas. » Élodie voyait de temps en temps « les enfants promener le chien » de la famille. « Que vont devenir les filles ? ».

En colère et révolte

Éric tient en laisse son petit chien sur le parvis de l’église. Il n’est pas habitant de la commune, mais pour autant il ne décolère pas. « C’est écœurant. Il se passe beaucoup trop de choses comme ça en France », juge le vieil homme. À quelques mètres, une passante ne comprend pas non plus : « Il y a eu une plainte le matin. Pourquoi rien n’a été fait ? Ça aurait pu être évité. »

Un banc a été installé en mars dernier sur le parvis de la mairie.Un banc a été installé en mars dernier sur le parvis de la mairie. (Le Télégramme/Jean-François Chesnay)

Croisée non loin de l’église, Sylvie estime, elle, que « ce genre d’acte n’a pas de justification. Je suis atterré et complètement bouleversée par cette violence ». Elle signale la présence d’un banc rouge, installé en mars dernier sur le parvis de la mairie. Cette présence fait bizarrement écho à l’acte de violence qui s’est déroulé quelques heures plus tôt. « C’est un banc en mémoire des femmes victimes de violences. Ce qui s’est passé montre que nous avons encore du travail. »