L’année 2024 fut exceptionnellement humide, le millésime suivant s’annonce bien différent. Alors que la véraison touche à sa fin et que les grappes changent de couleur dans le vignoble girondin, les premières vendanges se profilent déjà. Des premières parcelles doivent être vendangées dès les prochains jours. Celles des pétillants bordelais, qui ouvrent traditionnellement le bal, devraient débuter « à partir du 18 août », selon Dominique Furlan, le président des crémants de Bordeaux. Ce début de récolte se projette pour l’heure dans un contexte d’intense sécheresse. « Il faudrait de la pluie mais on ne sait pas dans quelle mesure les sols, très secs, vont pouvoir l’absorber, estime Marine Dudot, conseillère viticole à la Chambre d’agriculture de Gironde. De la pluie en plein de petites fois, ce serait bien. »

« La vigne souffre et les baies se montrent plutôt petites. Cependant, des disparités sont observées selon les terroirs, les cépages et l’âge des ceps », précise la technicienne. « Dans l’Entre-deux-Mers, où nous avons réalisé des relevés, il nous manque 60 % d’eau sur la période de janvier à juillet, en comparaison des vingt dernières années, c’est assez énorme… » Il est encore trop tôt pour dire dans quelle mesure cette sécheresse va véritablement affecter le volume de production alors que les vignerons, un peu partout dans le département, ont également dû faire face cette année aux attaques du ver de la grappe. La pression de la maladie, à l’instar du mildiou, les ont touchés de manière plus hétérogène, ceux de Pessac-Léognan ou du Sauternais ayant eu fort à faire.

Les belles années en cinq

Les superstitieux sont dans l’attente : d’un point de vue qualitatif, le 2025 va-t-il suivre la voie des très grands millésimes finissant en cinq (1945, 1975, 1985, 2005 ou 2015) ? C’est fort probable. Olivier Gigaud, œnologue dans l’un des œnocentres de la Chambre d’agriculture, voit en tout cas un « joli millésime, de qualité », qui pourrait ressembler à celui de 2020. « Ce qui est intéressant, c’est d’avoir connu une succession de nuits fraîches et de journées ensoleillées ces dernières semaines, cela offre une belle évolution des polyphénols », explique notamment le spécialiste.

« Il nous manque 60 % d’eau sur la période de janvier à juillet, en comparaison des vingt dernières années, c’est assez énorme… »

Les œnologues et conseils doivent plancher sur les contrôles de maturité des raisins dès cette semaine du 11 août pour ensuite mieux programmer les dates des vendanges. Si l’épisode caniculaire peut encore les retarder, les récoltes devraient être avancées d’une dizaine de jours par rapport à 2024 mais cela ne constitue pas un record : en 2022, notamment, elles avaient débuté autour du 15 août. Après les sauvignon blancs ces prochains jours et semaines puis les semillon à la fin du mois, les premiers raisins rouges (les merlot) devraient être ramassés aux alentours du 20 septembre.