Les canicules estivales n’épargnent plus la Bretagne. Notre région découvre depuis quelques années les nuits « tropicales » aux températures proches ou au-dessus des 20 degrés. Un phénomène qui n’est pas sans conséquence pour notre santé. Alors, comment lutter contre les îlots de chaleur ? Voici comment agissent les communes de Laillé et de Rennes en Ille-et-Vilaine.
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Quand le béton, le bitume et la pierre stockent de la chaleur et la restituent la nuit, cela crée un effet radiateur qui continue de faire grimper les températures pendant la nuit. Un phénomène que certaines communes tentent d’endiguer, comme Laillé, située au sud de Rennes.
Ce village de 5000 habitants a connu, début juillet, des températures de près de 34 degrés le jour, et 19 degrés la nuit. Alors l’équipe municipale ne ménage pas ses efforts pour tenter de rafraîchir les lieux.
« Partout où on a pu mettre des zones de terre en plus des 1,40 mètre des piétons, on a végétalisé » explique Françoise Louapre, la maire de Laillé.
Les trottoirs aussi ont changé de couleur : plus clairs, ils emmagasinent moins la chaleur.
Plus loin, ce sont des pieds des maisons qui se végétalisent : une vingtaine de foyers a accepté cet aménagement.
« On a creusé une bande de 20 cm le long du mur pour qu’on puisse avoir des pieds de murs, détaille Olivier Mosset, En aucun cas ça n’apporte de l’humidité dans le mur, au contraire. Les plantes ont une capacité à réguler l’humidité. Ça participe à garder un taux d’humidité constant » argumente celui qui est aussi conseiller municipal et agriculteur-maraîcher.
Dans le centre de Rennes, un spécialiste du phénomène des îlots de chaleur le confirme : la végétation est notre meilleure alliée, surtout la nuit, grâce à son évapotranspiration.
Pour preuve, les relevés de températures effectués à différents points de la ville, un matin de juillet vers 7h du matin. Les thermomètres affichent alors des températures de 17/18° dans le centre-ville, quand ils montrent 3 à 4° de moins au niveau des prairies Saint Martin, situées à moins d’un kilomètre.
Il serait donc possible de dormir au frais, en instaurant certains changements. « On a coutume de parler de solutions grises, vertes et bleues », présente Vincent Dubreuil, géographe à l’Université Rennes 2.
« La solution grise, c’est jouer sur la couleur des matériaux, éviter qu’ils absorbent de la chaleur pendant la journée, on va donc plutôt utiliser des matériaux clairs, détaille le spécialiste. Les solutions dites bleues, c’est plutôt la place de l’eau, faire en sorte qu’il y ait davantage d’eau présente en ville, des fleuves ou de l’eau dans le sol. L’évaporation de l’eau limite l’élévation des températures, rappelle celui qui est aussi co-président du Haut Conseil Breton pour le climat. Enfin les solutions vertes, c’est la place de la végétation ».
Ces idées, la ville de Rennes s’en inspire parfois avec retard. Il y a 7 ans, la place Thérèse Pierre est totalement réaménagée. Mais le résultat est trop minéral du goût des habitants qui réclament davantage d’arbres. La demande est entendue et partiellement exaucée.
« Au début, les porteurs de projet souhaitaient qu’on ait une implantation assez large qui aille jusqu’aux façades, sauf qu’il faut qu’on garde l’accès aux bâtiments, que les commerces gardent une certaine visibilité. On a tout un ensemble de critères à prendre en compte » argumente Bruno Laperche, concepteur paysagiste à la Direction des Jardins de Rennes.
Échaudée par les critiques des habitants, la Ville a voulu mettre le paquet dans ses dernières réalisations, comme celle de la place Saint-Germain.
Avec ses jets d’eau en circuit fermé, et ses 11 arbres plantés dans des fosses souterraines., l’aménagement de la place, située juste au-dessus du métro, a coûté 4,5 millions d’euros.
« Ce sont des arbres qui pourront faire demain près de 10 mètres de circonférence, et 15 mètres de haut, explique Marc Hervé. Simplement, au sol, il a fallu faire avec un certain nombre de contraintes, notamment celui d’être sur la « boîte métro » avec du béton qui affleure à 1,5 m ou 2 m sous nos pieds, et qui rend les choses plus complexes » rappelle le premier adjoint à l’urbanisme de la ville de Rennes.
Les arbres apportent de l’ombre la journée, et surtout de la fraîcheur la nuit. Ils sont donc irremplaçables. Malheureusement ils ne sont pas tous en grande forme. Certains sont même condamnés à court terme.
« Le plus emblématique de nos arbres dans nos paysages, c’est le chêne pédonculé, rapporte Jean Nabucet, géographe à l’Université Rennes 2, or c’est une des espèces qui présente des fragilités très marquées depuis quelques années et qui a tendance à s’exacerber avec les vagues de chaleurs, commente le chercheur du CNRS.
Pour examiner la résistance des arbres, Jean Nabucet et des confrères chercheurs travaillent avec leurs confrères de Toulouse. Car c’est un climat similaire qui s’annonce en Ille-et-Vilaine d’ici à quelques d’années.
(Avec Myriam Thiébaut)