Par

Anaelle Montagne

Publié le

11 août 2025 à 16h25

Les évêques de France souhaitent que l’archevêque de Toulouse, Guy de Kerimel, revienne sur sa décision de promouvoir le père Dominique Spina, un prêtre condamné pour viol sur mineur en 2006. Ils estiment que cette nomination ne peut que « raviver des blessures » et « déconcerter » les fidèles.

Début juin 2025, l’archevêque de Toulouse, Guy de Kerimel, a lancé une vive polémique dans un pays déjà scandalisé par des révélations de crimes pédophiles dans l’Église, en nommant au poste de chancelier le prêtre Dominique Spina, condamné en 2006 à cinq ans de prison dont un avec sursis pour le viol d’un lycéen de 16 ans en 1993 et élève de Notre-Dame de Bétharram.

L’ancien curé de Fronton était jusqu’ici vice-chancelier du diocèse de Toulouse, et a été nommé chancelier et délégué épiscopal aux mariages. De quoi créer un véritable soulèvement dans la sphère chrétienne et au-delà. Et les évêques de France ne sont pas en reste.

L’archevêque de Toulouse invité à reconsidérer sa décision

« Nous avons engagé un dialogue constructif avec Mgr Guy de Kerimel, l’invitant à reconsidérer la décision qu’il avait pris quant à la nomination du chancelier de son diocèse », indiquait, ce dimanche 10 août 2025, la présidence de la Conférence des évêques de France dans un communiqué.

« En effet, une telle nomination à un poste aussi important, canoniquement et symboliquement, ne peut que raviver des blessures, réveiller des soupçons et déconcerter le peuple de Dieu », souligne l’organisation.

Vidéos : en ce moment sur ActuIl plaide la miséricorde

L’archevêque a expliqué avoir « pris le parti de la miséricorde » pour nommer ce prêtre à qui il n’a « rien à reprocher » dans une « fonction administrative » : le chancelier établit les actes administratifs et a un rôle de conseil.

Une décision qui a suscité l’incompréhension. En réaction, plusieurs collectifs de victimes d’établissements catholiques, dont celui de Notre-Dame de Bétharram, ont fait part de leur « colère » face à une situation « inacceptable ».

Regarder les faits du point de vue des victimes

« Nous avons appris à regarder ces faits d’abord du point de vue des personnes qui en ont été les victimes et qui en subissent les conséquences à longueur de vie. Ce déplacement du regard, l’écoute bouleversante de leur détresse et de leur douleur, l’accueil de leur invitation à poursuivre humblement avec elles un chemin de vérité, ont amorcé, pour notre institution ecclésiale, un long et exigeant travail de conversion, que nous sommes résolus à poursuivre », affirme la Conférence des évêques de France (CEF), présidée par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille.

D’anciens religieux et personnels laïcs de Notre-Dame-de-Bétharram sont visés par plus de 150 plaintes déposées par des anciens élèves pour violences physiques, agressions sexuelles et viols.

Cette nomination s’inscrit à contre-courant des efforts de l’Église face à l’ampleur des violences révélées en 2021 par un rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église. Deux commissions de reconnaissance et de réparation ont ainsi été mises en place.

Avec AFP

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