Une enfant qui prend le vaccin nasal pour la grippe.Lors de la saison grippale 2024-2025, plus de 10 000 enfants ont été hospitalisés pour des complications liées à la grippe en France. © Freepik

Chaque hiver, la grippe saisonnière revient avec son lot de complications, notamment chez les plus jeunes. Enfants, adolescents, avec ou sans comorbidités, représentent une population particulièrement concernée par la transmission du virus. Et souvent un vecteur essentiel dans la propagation de la maladie à grande échelle. 

Pourtant, un vaccin antigrippal pédiatrique administré par voie nasale, simple et sans aiguille, n’est toujours pas accessible en France… Alors qu’il est utilisé depuis plus de 20 ans dans plusieurs pays européens comme le Royaume-Uni et la Finlande. Face à cette situation, de nombreuses voix s’élèvent pour demander son déploiement rapide.

Un vaccin nasal, plus facile à accepter pour les enfants

Le vaccin en question est un vaccin nasal trivalent, vivant atténué. Il s’administre sans piqûre, ce qui le rend particulièrement adapté aux enfants de 2 à 17 ans, souvent réticents aux injections.

Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), ce vaccin devrait même être utilisé « préférentiellement » pour cette tranche d’âge, en raison de sa meilleure acceptabilité. Une recommandation reprise dans un avis du 12 décembre 2024, qui souligne aussi son efficacité démontrée.

Un vaccin déjà utilisé à l ‘international  Une efficacité prouvée

Utilisé dans 34 pays, notamment au Royaume-Uni et en Finlande, ce vaccin affiche un taux d’efficacité de 78 % contre la grippe confirmée en laboratoire (source : données internationales relayées par Santé Publique France). Plus de 199 millions de doses ont été administrées dans le monde sans problème majeur de sécurité.

En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) a d’ailleurs recommandé dès décembre 2024 l’usage préférentiel de ce vaccin chez les enfants, pour sa capacité à améliorer la couverture vaccinale.

Un feu vert… qui ne change rien ?

La Commission de la Transparence (CT), qui évalue l’intérêt des médicaments pour le remboursement, vient de rendre un avis favorable au remboursement du vaccin nasal. Mais, paradoxalement, elle estime qu’il n’apporte pas de bénéfice médical supplémentaire par rapport aux autres vaccins injectables existants.

Résultat : sans reconnaissance d’une « amélioration du service médical rendu », le vaccin risque de ne pas être mis sur le marché français l’hiver prochain. Une décision incomprise par de nombreux professionnels.

Un collectif de médecins et d’associations monte au créneau

Ainsi, un collectif regroupant 20 sociétés savantes pédiatriques et 91 associations de patients tire la sonnette d’alarme. Parmi eux, l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire, la Société Française de Pédiatrie ou encore Santé Respiratoire France.

Tous plaident pour une prise en compte de l’impact en santé publique. Les enfants sont souvent les premiers vecteurs de transmission de la grippe à leur entourage, en particulier aux plus fragiles (personnes âgées, nourrissons, malades chroniques). Améliorer la couverture vaccinale chez les enfants, c’est donc selon eux protéger l’ensemble de la population.

Alors, ce vaccin antigrippal a-t-il un avenir ? Un frein à l’innovation en prévention ?

Au-delà de la grippe, ce rejet envoie, selon les signataires, un mauvais signal à la recherche sur les vaccins non injectables. 

Des innovations sont pourtant en cours, notamment contre d’autres virus respiratoires comme le VRS, principal responsable des bronchiolites chez les bébés. La mise sur le marché de Beyfortus a notamment permis de réduire singulièrement l’ampleur de l’épidémie l’hiver dernier pour le plus grand bonheur des parents.

Quelle suite pour la saison 2025-2026 ?

Dans ce contexte, les pédiatres appellent les autorités sanitaires à réexaminer leur position afin de garantir l’accès au vaccin nasal avant la prochaine vague grippale. Pour appuyer leurs revendications, ils font référence aux récentes conséquences d’une épidémie mal anticipée. La saison 2024-2025 a été bien plus virulente que les trois précédentes, selon Santé Publique France.

« Ce vaccin est un outil efficace, sûr, et surtout mieux accepté par les enfants. Ne pas le proposer, c’est passer à côté d’une chance de mieux les protéger, eux et leur entourage », conclut le Dr Andreas Werner, président de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire.

À SAVOIR 

En France, moins de 10 % des enfants de 2 à 17 ans sont vaccinés contre la grippe (source : Santé publique France). Pourtant, la HAS recommande l’usage préférentiel du vaccin nasal, plus facile à accepter et déjà utilisé dans 34 pays. Malgré cette recommandation, il reste non disponible en raison d’un avis défavorable de la Commission de la Transparence.

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