Décidément, le métallurgiste Novasco ne s’en sort pas. Spécialisé dans la fabrication d’aciers spéciaux, notamment pour le secteur automobile, il emploie, avec ses sites d’usinage et de parachèvement, à Custines (Meurthe-et-Moselle), Saint-Etienne, Leffrinckoucke (Nord) et Hagondange (Moselle), quelque 760 salariés, sans compter les emplois indirects. Des salariés qui naviguent entre un sentiment de colère et d’inquiétude.
Un an après sa reprise, en juillet 2024, par le fonds d’investissement britannique Greybull Capital, Novasco, ex-Ascométal, est aujourd’hui à nouveau en grande difficulté. Les syndicats craignaient une nouvelle mise en redressement judiciaire, voire une liquidation de leur entreprise.
Promesse non tenue par le nouvel actionnaire
Le tribunal de Strasbourg s’est prononcé, ce lundi : ce sera une procédure de redressement judiciaire. Il a fixé à fin septembre la date de limite de dépôts de projets de reprise.
Le nouvel actionnaire n’a pas injecté les 90 millions d’euros promis. Il aurait seulement versé, selon les syndicats, 1,5 million d’euros. L’État, lui, a bien accompagné Novasco en lui apportant 75 millions d’euros mais ça n’a pas suffi. Dix millions d’euros supplémentaires, provenant toujours de l’État français, sont attendus ce mois.
Avec l’ouverture, fin juin, d’une procédure de conciliation, des candidats à la reprise avaient déjà été auditionnés. Certains se seraient montrés intéressés par certains sites mais pas par le principal, Hagondange, qui emploie 450 personnes en Moselle.
Des salariés inquiets à Saint-Étienne
À Saint-Étienne, sur le site du Marais, c’est une quarantaine de salariés et une dizaine d’intérimaires qui font tourner l’usine. Une usine spécialisée dans le parachèvement, c’est-à-dire la finition des barres de métal produites par l’aciérie du groupe. 90 % de l’activité est désormais réalisée pour le compte de Jtekt Lyon, à qui Novasco Le Marais fournit 10 000 à 12 000 crémaillères de direction par jour.
« Au fil des années, nous sommes devenus très dépendants de Jtekt Lyon, ce qui est un facteur de fragilité. D’autant que, comme ce client est touché par la crise automobile, nous avons perdu des volumes », précisait, il y a quelques jours, Loïc Devis, secrétaire CFDT du CSE Novasco Le Marais. Comme tous les salariés du site, il retenait son souffle. « Nous sommes très inquiets, encore plus que l’année dernière. En 10 ans, c’est la quatrième fois qu’on va se retrouver en redressement judiciaire. Au fil des reprises, on a eu de moins en moins de repreneurs intéressés. Il y a un an, il n’y en avait plus qu’un. Est-ce qu’un investisseur va vouloir reprendre tous les sites cette fois ? »
Après la pause estivale, le travail doit théoriquement reprendre le 25 août sur les différents sites.