(Actualisé tout du long, avec déclarations de Trump, détails,
contexte)
par Bo Erickson, Nandita Bose et Idrees Ali
Le président américain
Donald Trump a annoncé lundi avoir placé sous contrôle fédéral
la police de Washington DC et ordonné le déploiement de 800
membres de la Garde nationale dans la capitale des Etats-Unis,
pour faire face selon lui à une flambée de criminalité.
« Je déploie la Garde nationale pour contribuer au
rétablissement de l’ordre public et de la sécurité publique à
Washington D.C », a déclaré Donald Trump aux journalistes à la
Maison blanche, entouré de responsables de son administration,
dont le secrétaire à la Défense Pete Hegseth et la procureure
générale Pam Bondi.
« Notre capitale est envahie par des gangs violents et des
criminels sanguinaires », a-t-il ajouté.
La maire démocrate de Washington, Muriel Bowser, a réfuté
les affirmations du locataire de la Maison blanche, assurant que
la capitale fédérale ne connaissait pas de « flambée de la
criminalité ».
Le président républicain a rejeté les critiques selon
lesquelles il serait en train de fabriquer une crise pour
justifier l’extension de l’autorité présidentielle dans une
ville à forte majorité démocrate.
Des centaines d’officiers et d’agents de plus d’une
douzaine d’agences fédérales – notamment du FBI et des agences
de contrôle de l’immigration (ICE), de lutte contre le trafic de
drogues (DEA) et de contrôle de l’alcool, du tabac, des armes à
feu et explosifs (ATF) – ont été déployés dans la ville ces
derniers jours.
Donald a également menacé d’envoyer l’armée américaine
« si nécessaire », et Pete Hegseth s’est dit prêt à faire appel à
des troupes supplémentaires de la Garde nationale. Pam Bondi
supervisera la prise de contrôle des forces de police, a précisé
Donald Trump.
Selon la police locale, les crimes violents ont décliné de
26% lors des sept premiers mois de l’année par rapport à la même
période l’an dernier, tandis que la criminalité dans son
ensemble a baissé d’environ 7%.
La violence armée demeure toutefois un problème. En 2023,
Washington affichait le troisième taux d’homicides par arme à
feu le plus élevé parmi les villes américaines de plus de
500.000 habitants, selon l’association de défense du contrôle
des armes à feu Everytown for Gun Safety.
Les annonces de Donald Trump constituent les dernières en
date visant une ville dirigée par le camp démocrate.
INTENSIFICATION DES ATTAQUES
Ces derniers jours, le président américain a intensifié ses
attaques contre la ville, menaçant de supprimer son autonomie
locale contre une prise de contrôle fédérale complète.
Le District de Columbia, créé en 1790, est régi par la
loi sur l’autonomie locale (Home Rule Act), qui confère au
Congrès l’autorité suprême, mais permet aux habitants d’élire un
maire et un conseil municipal. Donald Trump a déclaré la semaine
dernière que des avocats étudiaient les moyens d’abroger cette
loi, une mesure qui nécessiterait probablement l’accord du
Congrès.
Le déploiement, controversé, de la Garde nationale a déjà
été utilisé plus tôt cette année par le président américain à
Los Angeles, malgré l’opposition des autorités locales, pour
répondre aux manifestations contre les raids anti-immigration
dans la ville californienne.
Un procès fédéral doit s’ouvrir lundi à San Francisco pour
déterminer si l’administration a violé la loi américaine en
déployant la Garde nationale et des Marines sans l’approbation
du gouverneur, le démocrate Gavin Newsom.
Si le choix de faire appel à la Garde nationale incombe
traditionnellement au gouverneur de l’Etat concerné, le
président américain a autorité sur la Garde nationale à
Washington.
La Garde nationale a déjà été déployée par le passé dans la
capitale fédérale, notamment en réponse à l’insurrection du 6
janvier 2021 menée par une foule de partisans de Donald Trump
rejetant sa défaite électorale survenue deux mois plus tôt.
(Reportage Jarrett Renshaw et Nandita Bose à Washington, avec
la contribution d’Idrees Ali, Susan Heavey, Courtney Rozen, Jana
Winter, Andy Sullivan, Jasper Ward et Sarah N. Lynch, rédigé par
Joseph Ax et Nandita Bose ; version française Jean Terzian,
Blandine Hénault et Kate Entringer, édité par Zhifan Liu)