Une frappe israélienne sur Gaza a tué, dans la nuit de dimanche à lundi, six journalistes palestiniens, dont cinq employés d’Al Jazeera. L’attaque, qui a visé une tente installée devant l’hôpital al-Chifa, a provoqué de vives réactions internationales et relancé les appels à protéger les reporters en zone de guerre.
Parmi les victimes figurent les correspondants Anas al-Sharif et Mohammed Qreiqeh, les cameramen Ibrahim Zaher et Mohammed Noufal, l’assistant Moamen Aliwa, ainsi qu’un journaliste pigiste, Mohammed Al-Khaldi, mort de ses blessures peu après son transfert à l’hôpital. Sur place, il ne restait que des matelas brûlés, un mur criblé d’éclats et l’armature métallique de la tente, tordue par l’explosion.
L’ONU et l’UE dénoncent des « meurtres »
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme a dénoncé « le meurtre par l’armée israélienne de six journalistes palestiniens », estimant qu’il s’agissait d’« une grave violation du droit humanitaire international ». L’Union européenne a condamné « le meurtre » de journalistes d’Al Jazeera et demandé à Israël, « dans ce genre de cas », de « fournir des preuves claires […] afin d’éviter que des journalistes ne soient pris pour cible ». Reporters sans frontières a parlé d’« assassinat revendiqué », tandis que le chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, s’est dit « horrifié » et a accusé Israël de « réduire au silence les voix qui rapportent les atrocités commises à Gaza ».
L’armée israélienne assume avoir visé Anas al-Sharif, qu’elle présente comme « un terroriste du Hamas se faisant passer pour un journaliste » et impliqué dans la préparation de tirs de roquettes contre des civils et des soldats. Elle a diffusé des photos et documents censés appuyer ses accusations, montrant notamment le reporter avec des dirigeants du Hamas et un tableau répertoriant un salaire versé par le mouvement islamiste en 2013 et 2017.
Hommage au siège d’Al Jazeera
Lors d’un hommage au siège d’Al Jazeera à Doha, Wael al-Dahdouh, chef du bureau de Gaza ayant perdu sa famille dans des frappes israéliennes, a confié : « Chaque fois que nous perdons une personne bien-aimée et un collègue, nous perdons une partie de cette famille de journalistes. C’est très difficile et très douloureux. » Un message écrit en avril par Anas al-Sharif et publié lundi sur son compte X résonne comme une épitaphe : « Ceci est mon testament et mon dernier message. Si ces mots vous parviennent, sachez qu’Israël a réussi à me tuer et à faire taire ma voix. »
Alors que les funérailles des six hommes se sont déroulées lundi à Gaza, le chef d’état-major israélien, Eyal Zamir, a affirmé : « Nous sommes à l’aube d’une nouvelle phase des combats à Gaza », assurant que l’armée « saura conquérir la ville » et « fera tout pour préserver la vie des otages et les ramener ».