Par

Inès Cussac

Publié le

12 août 2025 à 6h04

Il n’a jamais été aussi rapide de relier La Motte-Piquet Grenelle à Sèvres-Lecourbe. Depuis le début de l’été sur les rails du métro aérien de la ligne 6, les trains foncent à toute allure sans s’arrêter à Cambronne. Et pour cause, derrière les palissades installées le long du quai, les ouvriers ont désossé les escaliers métalliques de cette station du 15e arrondissement de Paris pour en mettre un nouveau.
« On repart sur un ouvrage qui durera 100 ans », assure Quentin Denechaud, responsable des études et des travaux pour la RATP, sous son casque de chantier. Plus d’un siècle après l’ouverture de cette ligne historique, d’importantes rénovations des équipements remarquables sont aujourd’hui nécessaires. Les escaliers métalliques de 1906 sont touchés par la corrosion poussant la régie à s’en occuper cette année. Elle a entamé des travaux depuis le 30 juin et jusqu’au 28 septembre 2025 pour les remettre à neuf. Autrement dit, 100 jours de chantier ont été lancés pour remplacer des marches centenaires par des nouvelles qui devraient durer tout aussi longtemps.

Préserver et rénover

« Comme n’importe quelle structure, ces escaliers ne sont pas éternels […]. Il était nécessaire de les remplacer », fait savoir Matthieu Rudinger. Le responsable des contrôles du patrimoine et de la maîtrise des ouvrages de la RATP a été chargé d’établir un diagnostic sécuritaire et patrimonial de cet équipement. Bilan : il faut à peu près tout changer. « On va conserver des éléments en fonte mais pour le reste, on ne peut pas garder grand-chose d’origine », prévient Quentin Denechaud. À l’image des structures rivetées en acier, symbole de l’ère industrielle du début du XXe siècle, qui ont donc été retirées pour en installer des nouvelles. Cette opération délicate a été réalisée dans les règles de l’art en utilisant les mêmes matériaux qu’au siècle dernier. Les derniers ateliers à proposer ce savoir-faire en France se comptent sur les doigts d’une main. Dans la même veine, les couvreurs zingueurs participent aussi au chantier pour changer les toitures.

À l’inverse, la plupart des colonnes en fonte n’ont fait qu’un passage à l’usine pour être remise en état. Les petites fleurs décoratives des charpentes ont également pu revenir à leur place initiale. « L’objectif est que les usagers ne remarquent pas le changement », indique Quentin Denechaud.

Les motifs architecturaux tels que les fleurs sont installées sur les nouvelles structures rivetées en acier.
Les motifs architecturaux comme les fleurs sont installées sur les nouvelles structures rivetées en acier. (©IC / actu Paris)

Le chantier, commencé il y a un mois et demi, est entré dans la deuxième phase visant à assembler les nouveaux matériaux après avoir retiré les anciens devenus vétustes. La prochaine étape, autour du mois de septembre, sera dédiée aux aménagements avec l’installation de garde-corps par exemple ou des éclairages.

Après la ligne 6, la ligne 2

Les escaliers métalliques du métro parisien sont majoritairement présents sur les lignes aériennes. La ligne 6, qui compte 28 stations dont 13 sont à l’air libre, est donc particulièrement visée par les travaux de maintenance patrimoniale de ses éléments historiques. Quasiment toutes les stations, comme Chevaleret en 2018 ou Bir-Hakeim en 2023, ont déjà été retouchées. « Il ne manque plus que La Motte-Piquet Grenelle », glisse Quentin Denechaud avant de rappeler l’ancienneté encore plus avancée de la ligne 2, mise en service en 1903.

« Les stations Jaurès ou Stalingrad sont les premiers escaliers de l’époque avec beaucoup d’ornements et des petits détails. Elles sont très chargées, pour tout œil un peu avisé », relève le maître d’œuvre. Des travaux sont nécessaires mais avant cela des études devront être menées pour déterminer ce qui doit être remplacé ou non.

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