Il est parti à l’image de ce qu’il a toujours été : un showman. Daniel Ricciardo a quitté la Formule 1 au soir du Grand Prix de Singapour 2024, les yeux embués, son emblématique sourire soudainement teinté de mélancolie. Après 257 Grands Prix, le natif de Perth a conclu sa carrière par une anecdotique 18e place en chipant à Lando Norris (McLaren) le meilleur tour en course dans les ultimes boucles du tracé de Marina Bay.
Un coup stratégique « made in Red Bull » censé aider son ancien équipier Max Verstappen à garder un peu d’avance dans la lutte pour la couronne mondiale en privant le Britannique d’un point supplémentaire. Loin du bruit qui s’ensuivit et des questions sur les relations entre les deux équipes du giron autrichien — Red Bull et Racing Bulls — Daniel Ricciardo a tiré sa révérence, remisé ses gants et rangé son casque sur une étagère. Singapour restera son dernier Grand Prix en Formule 1, à alors 35 ans.
L’ancien pilote Red Bull profite depuis d’un repos bien mérité, après des dernières saisons particulièrement compliquées sur le plan émotionnel. Parti de Renault pour McLaren en 2021, il a vécu deux saisons très difficiles avec l’écurie de Woking, malgré une sublime victoire à Monza en 2021. Revenu chez Red Bull comme réserviste en 2023, il a rebondi chez Racing Bulls en cours de saison, prenant la place du décevant Nyck de Vries. Mais cette dernière chance n’aura pas été concluante, entre la supériorité de son coéquipier Yuki Tsunoda et une fracture au poignet qui l’a privé de cinq manches en fin de saison.
Ricciardo profite d’un peu de répit
Reconduit pour 2024, Ricciardo n’aura tenu que jusqu’à Singapour, où l’équipe de Faenza lui a signifié la fin de l’aventure pour promouvoir Liam Lawson, qui l’avait temporairement remplacé un an plus tôt. Depuis, le « Honey Badger » coule des jours paisibles dans son Australie natale, profitant de sa retraite et développant notamment sa marque de vin Enchanté.
« Cette année a été une période d’introspection. J’ai vécu une vie folle, à toute vitesse, pendant si longtemps, et cette année, j’ai trouvé un peu de calme », avoue Ricciardo. « J’ai eu beaucoup de temps. J’ai fait de la randonnée. J’essaie de découvrir qui je suis, au-delà de ce pilote de course. J’apprécie davantage les petites choses et l’importance de la famille et des amis. J’ai toujours été motivé et cela me conduit parfois à être égoïste, alors j’essaie d’apprendre à être un peu plus altruiste et à devenir plus à l’écoute. »
Le nouveau Daniel Ricciardo assure que sa carrière en Formule 1 est bel et bien derrière lui, malgré l’intérêt un temps annoncé de Cadillac, poliment décliné par l’ex n°3. « Je pense qu’il a publiquement déclaré qu’il n’était pas intéressé par la Formule 1 », assurait Graeme Lowdon, futur Team Principal de Cadillac, il y a quelques semaines au High Performance Podcast. « Ce n’est pas mon travail de convaincre quelqu’un, sinon ce n’est pas la bonne personne. Vous n’avez jamais besoin de convaincre un pilote de Formule 1 de monter dans une voiture, chacun est libre de prendre sa propre décision, mais je ne voudrais certainement pas [convaincre quelqu’un de revenir]. »
Un retour en F1 exclu
Daniel Ricciardo profite aussi de cette nouvelle vie pour se pencher sur sa carrière et mesurer ses accomplissements, qui font de lui un octuple vainqueur de Grands Prix, un chiffre que seulement 42 pilotes ont atteint dans l’histoire de la F1.
« Si je me suis lancé dans la course automobile, c’est parce que personne ne s’y adonnait vraiment. C’était l’occasion de faire quelque chose d’un peu plus cool que les autres », confie le natif de Perth, qui a été bien inspiré de se lancer dans le sport automobile. « Je voulais juste me montrer, mais me montrer m’a permis d’atteindre un très bon niveau dans la vie. Parfois, je pense à des choses comme gagner Monaco et je me dis : “Est-ce que c’est vraiment arrivé ?” J’ai toujours aimé la course, mais je n’aurais jamais pensé avoir la carrière que j’ai eue et arriver en F1. Il faut avancer étape par étape. Si on regarde trop loin, tout paraît un peu intimidant. »
Revoir Daniel Ricciardo en piste ne semble pas être à l’ordre du jour, mais le natif de Perth laissera un souvenir indélébile dans l’esprit des fans pour ses freinages diaboliques, qui firent de lui un des meilleurs pilotes de la fin des années 2010.