Par
Nicolas Zaugra
Publié le
16 avr. 2025 à 18h13
« Je n’investirai plus dans des villes écologistes » : le PDG du groupe français Safran Olivier Andriès, géant de l’aéronautique, a poussé un sérieux coup de gueule contre les villes dirigées par des élus écologistes.
Auditionné à l’Assemblée nationale lundi 14 avril 2025, le patron de Safran s’est indigné de l’accueil fait par les écologistes de Rennes à son projet d’usine. Il veut désormais bannir les villes à majorité écologiste de ses projets d’implantation.
« Des écologistes nous ont jeté des tomates »
« Je vais être très clair (…). Chaque fois que j’aurai un choix de localisation, je bannirai une offre faite par une ville détenue par une majorité écologiste. Ce n’est pas politique. Mais à partir du moment où on oublie l’intérêt national, où on a une attitude égoïste et où on ne comprend que 500 emplois sont importants pour le territoire et la vie des personnes, je dis que ce n’est pas la peine », a-t-il dit.
« Ils ont remis en cause la majorité municipale de Rennes, sur le thème : « C’est l’aéronautique, c’est l’avion, ils vont polluer. Et puis c’est le militaire, ce n’est pas bien » », se souvient Olivier Andriès, rappelant que « des écologistes nous ont jeté des tomates ». « Si c’est pour être accueilli par des tomates quand on crée 500 emplois dans une région, ce n’est pas la peine. »
Un projet d’usine à Lyon abandonné… ou presque
Le groupe avait d’ailleurs un projet d’immense usine à Feyzin dans la métropole lyonnaise, qu’elle a finalement laissé tomber. Un projet, qui devait créer 200 emplois, abandonné en 2023, avait confirmé le président écologiste de la Métropole, Bruno Bernard.
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Une usine annoncée en grande pompe par le président Emmanuel Macron qui est finalement remplacée par un projet métropolitain de village « éco-circulair », où 700 emplois doivent voir le jour d’ici 2026. L’usine Safran devrait voir le jour dans le département voisin de l’Ain… ou en Amérique du Nord.
À l’époque, le groupe aéronautique avait justifié l’abandon de son projet lyonnais par des coûts de l’énergie trop élevés.
Début 2025, des médias évoquaient encore une chance pour l’industriel de s’installer dans la métropole lyonnaise malgré la présentation de ce projet « éco-circulair ». Mais la décision n’est jamais tombée et les propos récents de son PDG semblent confirmer l’abandon de tout projet à Lyon tant que les écologistes dirigent la Ville et la Métropole.
Le projet d’usine Safran à Feyzin, dans la métropole de Lyon, semble au point mort. (©Safran)L’opposition métropolitaine s’étrangle
À Lyon, l’opposition métropolitaine, déjà tournée vers les élections de 2026, s’agace de la sortie du patron de Safran et en remet une couche sur des écologistes qu’ils accusent de « décroissance ».
La candidate LR à la Métropole, Véronique Sarselli, dénonce « une Métropole (qui) tourne le dos aux entreprises » qui « renonce à son attractivité ».
Le maire Les Républicains d’Ecully, Sébastien Michel, regrette le « dogmatisme des écologistes qui freine le progrès et l’attractivité économique ». Gilles Gascon, le président du groupe d’opposition de la droite et du centre, fustige « des centaines d’emplois sacrifiés, des millions d’euros d’investissements envolés. »
« Après les 500 emplois perdus à Rennes, ce sont 250 emplois qui ne verront pas le jour dans la Métropole de Lyon à cause des écologistes », attaque la députée RN du Rhône Tiffany Joncour.
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