Les troupes russes ont avancé rapidement dans un secteur stratégique du front dans l’est de l’Ukraine, ont indiqué l’armée ukrainienne et des analystes, ce mardi 12 août. Cette progression a eu lieu au nord-est de Pokrovsk, ville minière et épicentre des combats, dans la région orientale de Donetsk dont Moscou revendique l’annexion.

En une seule journée, l’armée russe aurait avancé d’une dizaine de kilomètres vers le nord le long d’une route, à un rythme bien plus soutenu que d’habitude, selon le site d’analyse militaire DeepState. Une carte du front, publiée par ce site proche de l’armée ukrainienne, montre un étroit couloir désormais sous contrôle russe, menaçant la ville garnison de Dobropillia, au nord-ouest de Pokrovsk.

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré ce mardi que la Russie préparait de nouvelles attaques en Ukraine, à quelques jours des négociations de paix prévues entre Vladimir Poutine et Donald Trump en Alaska. « Nous constatons que l’armée russe ne s’apprête pas à mettre fin à la guerre. Au contraire, ils sont engagés dans des mouvements qui indiquent la préparation de nouvelles offensives », a déclaré le dirigeant ukrainien sur le réseau social X.

Des forces russes « nettement supérieures »

L’Etat-major de l’armée ukrainienne a quant à lui déclaré ce mardi matin que des combats avaient lieu à Koutcheriv Iar, un petit village qui se trouvait il y a encore quelques semaines à plusieurs kilomètres du front, admettant de fait l’avancée russe dans cette zone. Le groupe opérationnel-tactique Donetsk, qui combat dans la zone, a lui aussi assuré ce mardi sur Facebook avoir « engagé des combats défensifs épuisants » contre des forces russes « nettement supérieures ». Une situation « complexe, désagréable et dynamique », due à l’infiltration de troupes russes entre les lignes de défense ukrainiennes, alerte le groupement.

Contrôle du terrain évalué dans la direction de Pokrovsk, le 11 août 2025 à 13h30 HAE.

Contrôle du terrain évalué dans la direction de Pokrovsk, le 11 août 2025 à 13h30, à l’heure de l’Est nord-américain.

© / Institute for the Stduy of War (ISW) and Critical Threats (CT)

Une analyse partagée par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), qui a cependant affirmé qu’il était « prématuré » de qualifier les avancées russes de « percée opérationnelle », et que les prochains jours seraient « probablement cruciaux ». L’ISW a néanmoins comparé cette pénétration tactique à celle qui avait permis une avancée russe majeure en avril 2024, après la prise de la ville d’Avdiivka, au prix d’une longue et sanglante bataille. Selon l’institut, la Russie « se concentre probablement sur des avancées en direction de Dobropillya, afin de créer des conditions informationnelles avant le sommet américano-russe du 15 août. » Ainsi, Vladimir Poutine « cherche probablement à tirer parti des poussées tactiques intensifiées à Avdiivka pour créer les conditions nécessaires afin d’obtenir des concessions américaines concernant la guerre menée par la Russie en Ukraine », analyse l’ISW.

Un blogueur militaire ukrainien, Sternenko, a aussi écrit sur Telegram que cette avancée avait permis aux troupes russes de s’emparer de certaines portions d’une route reliant d’importantes villes de la région. Il avait affirmé plus tôt que la situation était « critique ». La police nationale a de son côté annoncé que trois personnes avaient été tuées et 13 autres blessées ce mardi dans des attaques de bombes planantes et de roquettes russes sur cette même région.

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L’Ukraine craint que la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine ce vendredi 15 août, prévue pour l’heure sans la participation de leur homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, n’aboutisse à un accord qui la forcerait à céder des parties de son territoire à la Russie. Selon Volodymyr Zelensky, la Russie ne semble en rien disposer « à mettre fin à la guerre », mais plutôt à de « nouvelles offensives » en Ukraine.