Président de l’OM, le dirigeant espagnol livre son analyse et détaille les enjeux et les objectifs du lancement de la plateforme Ligue 1+. Il tacle aussi beIN SPORTS et Canal+.
Le changement, c’est maintenant. Le football français fait le pari de lancer sa propre plateforme de diffusion, Ligue 1+ . Coup d’envoi vendredi soir, avec la première rencontre de la première journée de Ligue 1 cuvée 2025-26, Rennes-OM. Dans un long exposé publié sur Linkedin, dans lequel il est question de «souveraineté audiovisuelle, d’indépendance et d’unité», Pablo Longoria évoque un «cap stratégique pour l’avenir du football français», qui est «à un carrefour. Ligue 1+ n’est pas un simple lancement de chaîne : c’est un choix stratégique pour reprendre la maîtrise de notre destin, sécuriser nos revenus à long terme et replacer le supporter au centre du modèle».
Le président de l’OM ajoute en préambule que «le succès de Ligue 1+ ne se jouera pas seulement sur le terrain technique ou commercial. Il dépendra de notre capacité collective à agir en unité, clubs, diffuseurs, institutions, partenaires, offrir un produit accessible, innovant et cohérent et garder le supporter au centre – pas comme spectateur passif, mais comme partie prenante du modèle».
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Dans le détail, Longoria voit en Ligue 1+ «un choix stratégique pour reprendre la maîtrise de notre destin, renforcer notre indépendance et bâtir un modèle durable au service du football français et de ceux qui le font vivre», soulignant que le championnat de France a fait le choix d’un «contrôle direct de sa distribution, fixe ses prix, capte ses données et conçoit son produit pour le supporter». Le tout avec l’idée de «garantir la compétitivité sportive et économique de demain». Longoria évoque en outre «un reset stratégique après un cycle marqué par de l’instabilité et des conflits avec certains partenaires».
Autocritique et «décisions court-termistes»
Faisant son autocritique, il dénonce également les «décisions court-termistes (de la saison passée qui) ont affaibli la perception de nos droits. Ne pas se cacher et reconnaître ses erreurs, moi le premier, c’est déjà commencer à les corriger avec méthode et vision». Rappelons que Ligue 1+ ne diffusera que huit matchs sur neuf en direct lors de chaque journée de Ligue 1, la dernière affiche étant à retrouver sur beIN SPORTS jusqu’à la fin de la saison. Le climat est d’ailleurs tendu entre LFP médias et la chaîne franco-qatarienne… S’il reconnaît que la «situation idéale d’engager ce nouveau cycle sans disposer de l’ensemble des matchs», Longoria note que «les contrats doivent être respectés par toutes les parties».
Les patrons de beIN apprécieront… Le tacle leur est clairement adressé. Longoria en profite pour égratigner Canal+ au passage, estimant qu’il «aurait été bénéfique de former un front commun pour le bien collectif de notre sport professionnel». La chaîne cryptée a refusé de distribuer Ligue 1+. Il rappelle toutefois que «le football professionnel porte également une responsabilité envers toutes les composantes qui font sa base: nous devons réfléchir à la manière de traduire cet engagement en actions concrètes, visibles et mesurables». Dans le cadre d’une stratégie globale qu’il détaille par le menu, Pablo Longoria juge que «penser aux droits audivisuels comme une verticale indépendante serait une erreur».
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Pour lui, «le football ne doit pas devenir un véhicule au service d’objectifs extérieurs qui l’éloignent de sa mission première. Quand on s’écarte de cette essence, on fragilise la confiance, on dilue l’identité de notre sport et on compromet sa capacité à se projeter dans la durée. Préserver cette indépendance ne signifie pas refuser le dialogue. Cela signifie mettre en place une gouvernance claire, transparente et partagée, où les décisions clés (économiques, sportives ou institutionnelles) sont prises sur la base de critères objectifs, compris de tous et alignés avec le long terme. Un cadre solide et indépendant est un gage de confiance pour les clubs, les supporters, les partenaires et les investisseurs, et la condition pour bâtir un football français compétitif et respecté», prétend le patron de l’OM.
Reconstruire la valeur de notre football ne se fera pas en une saison.
Pablo Longoria
Lucide, Pablo Longoria sait bien que «reconstruire la valeur de notre football ne se fera pas en une saison. Il faudra du temps, de la constance et une exécution sans relâche pour retrouver la pleine compétitivité. Ce n’est pas une faiblesse, c’est un engagement : bâtir un modèle qui dure, plutôt qu’une solution rapide mais instable», explique-t-il, faisant de la lutte contre le piratage une priorité. «Il est urgent d’adapter notre législation», jure-t-il.
Soulignant les disparités criantes avec nos voisins européens en matière de droits domestiques, Pablo Longoria lance un appel : «Croire au football français, c’est s’abonner à Ligue 1+. Ce n’est pas symbolique : c’est investir ensemble dans notre futur compétitif et la stabilité de tout l’écosystème. Chaque abonnement finance la formation, retient les talents, améliore la compétitivité des clubs et renforce un modèle plus solide, plus attractif pour les investisseurs et plus indépendant dans sa gouvernance et dans son esprit».
Et d’ajouter : «À l’OM, comme dans de nombreux clubs, nous nous engageons avec conviction pour porter ce projet vers le succès et le partager pleinement avec nos supporters. Reconstruire le football français commence par un modèle audiovisuel performant. Le succès de Ligue 1+ n’est pas celui d’une ligue, mais celui de tous ceux qui veulent que le football garde son essence, assume sa responsabilité sociale et serve avant tout son public». Le message est passé. On ne pourra pas reprocher à Pablo Longoria de ne pas prendre ses responsabilités et de monter au créneau…