En 1946, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, naissait en Allemagne l’idée de créer les « Cours d’été internationaux pour la Musique nouvelle », dont l’objectif était de faire renaître la création contemporaine en Allemagne, qui avait énormément souffert du régime nazi, qui la considéraient comme une « musique dégénérée ».

Très rapidement, le festival de Darmstadt acquière une réputation internationale et encore aujourd’hui, compositrices et compositeurs se rassemblent chaque été à Darmstadt. Cette édition 2025, qui vient de se clôturer, a été entachée par une polémique liée à la Guerre entre la Palestine et Israël. La compositrice argentine Ada Gomiz, qui a participé à l’atelier « The Enby Future Manifesto » de Luxa M. Schüttler, a publié une lettre ouverte dans laquelle elle dénonce l’acte de censure dont a été victime sa création, intitulée « Huella Winka », car celle-ci comportait les slogans « Free Palestine » et « Stop Genocide ». « Apparemment, la Fondation Schader Stifung [ndlr. qui devait accueillir la performance de la compositrice], qui nous avait initialement accueillis avec un discours progressiste d’acceptation de la diversité, des droits humains et autres, ne tolère aucune mention d’un génocide en cours », a-t-elle écrit dans sa lettre ouverte, dans laquelle elle explique que l’organisation a pris l’initiative de retirer son œuvre de l’espace, sans lui demander son avis et « risquant de l’endommager ».

Et d’ajouter : « Le Festival de Darmstadt a toujours été un porte-étendard de la lutte contre le fascisme et s’est imposé comme un espace de liberté pour la musique contemporaine. Plus de 70 ans après sa création au lendemain de la terrible Seconde Guerre mondiale et du génocide du peuple juif, j’insiste sur la nécessité de revenir sur […] cette attitude de censure. »

Dans sa lettre, la compositrice argentine explique que sa pièce évoque le lien « entre le terricide (l’écocide et la destruction des communautés) et le génocide palestinien ».

Comme le mentionnent nos confrères du magazine Diapason, cet acte de censure – sur lequel le Festival n’a rien communiqué – a suscité de vives réactions dans le monde de la musique de création, à commencer par le compositeur italien Marco Momi, qui avait reçu à Darmstadt le prix Kranichstein en 2008 et qui a annoncé vouloir rendre ce prix en signe de soutien envers Ada Gomiz.