Tout juste débarqué sur la rade en provenance de Bordeaux-Bègles, l’ouvreur justifie son envie d’un nouveau défi, au sein d’un club qui l’a fait « rêver » en étant plus jeune.
Comment se déroule votre début d’aventure à Toulon ?
Je suis agréablement surpris par le cadre, et j’ai été très bien accueilli par l’ensemble du club. Sur le terrain, je me sens bien. J’ai eu deux semaines de vacances en plus pour bien me remettre de ma blessure à une cuisse. On a fait le point, et les sensations sont bonnes depuis la reprise. J’en suis à quatre semaines de travail, et je suis plutôt satisfait. Je prends beaucoup de plaisir à découvrir le club, la région, et les personnes du club. Les voyants sont au vert.
À l’instar d’autres joueurs, vous avez fait le choix de vous engager assez tôt, l’an passé, avec Toulon pour un bail de trois saisons. Pourquoi ?
C’était un souhait de prendre ma décision assez tôt. J’avais envie d’avoir l’esprit libre et être à 100 % dans ma tête sur le projet de Bordeaux-Bègles. La décision de venir ici a été plutôt facile. Vous savez, petit, j’ai vu gagner Toulon à la télévision avec une équipe qui faisait rêver chaque passionné. Wilkinson, Giteau… Ce sont des joueurs qui m’ont fait rêver ! Quand j’ai eu cette opportunité, j’ai eu envie d’aller voir comment ça se passe ici. C’est un club qui a gagné, et qui sait gagner. Puis, Toulon, c’est aussi Mayol, un stade mythique dans lequel j’ai déjà des bons souvenirs. Pour moi, c’était le meilleur choix à ce stade de ma carrière.
Pour la première fois de votre vie, vous allez vous éloigner de votre Pays Basque natal…
Honnêtement, je suis très famille. J’ai encore beaucoup d’amis là-bas. En vérité, je suis venu à Toulon pour me mettre en danger et me challenger à tous les niveaux. Ça va me faire grandir. J’en ai d’ailleurs discuté avec Pierre (Mignoni, directeur du rugby) et Laurent (Emmanuelli, directeur sportif). On a eu des échanges naturels et fluides. Nous étions alignés sur ce que l’on voulait. Je recherchais plus de temps de jeu, dans une équipe qui existe dans le très haut du tableau du Top 14. J’avais aussi envie d’habiter proche de la mer. J’ai été éduqué à côté de l’océan, et j’ai eu l’envie de retrouver cet aspect-là. Tout est réuni, ici, pour que cela se passe bien, même si je sais que la saison sera longue. Pour l’instant, la découverte est positive. Je suis heureux, et j’apprends à connaître mes nouveaux coéquipiers. Je connaissais peu de monde ici, hormis Jules (Coulon) que j’ai côtoyé en équipe de France moins de 20 ans et Baptiste (Serin). Je suis curieux, et ça me plaît d’apprendre à découvrir d’autres joueurs.
La famille a-t-elle eu son mot à dire dans votre choix ?
À chaque fois que j’ai eu des échanges avec mon agent ou Pierre, j’appelais derrière mes proches dans la journée (sourire). J’ai bien sûr eu besoin des avis de chacun, mais j’ai eu le dernier mot. Leur discours était simple : « On te donne notre avis, mais fais ce qui te semble le mieux pour toi. » Le mieux était Toulon.
Est-ce que cette réflexion a pu vous perturber ? Comment avez-vous vécu ces semaines ?
Non. Honnêtement, je peux même me dire que j’ai été chanceux, car j’ai eu le choix entre Toulon et d’autres clubs (Bayonne était aussi intéressé, NDLR). Après, il fallait simplement prendre une décision.
Vous avez parlé de bons souvenirs à Mayol. Quels sont-ils ?
Pour moi, Mayol, c’est ma vraie première chez les professionnels. J’étais entré deux minutes à La Rochelle, mais à Toulon, j’avais joué quasiment une demi-heure. C’est le stade où j’ai mis mes premiers points en Top 14. J’avais pris un plaisir fou de faire ma première là-bas, dans un temple du rugby français. C’est un endroit incontournable. À chaque fois que je suis venu ici, j’ai toujours pris du plaisir. Il y a de bonnes énergies, car c’est toujours un gros test en tant qu’adversaire. C’est un endroit hostile, avec des passionnés et des connaisseurs dans les tribunes. Je suis heureux de changer de côté (sourire). Dans mon choix, c’était aussi important de baigner dans une région très rugby. Moi, je parle du rugby huit jours sur sept depuis que j’ai cinq ans (rires). J’aime discuter de rugby avec les gens, dans des débats plus ou moins constructifs (sourire). J’aime ça !
Il y a deux saisons, vous aviez été très en vue. L’an passé, vous avez été blessé, vous avez eu moins de temps de jeu, mais vous avez aussi découvert l’équipe de France à 7. Quel bilan tirez-vous de votre dernier exercice ?
Honnêtement, elle n’a pas été frustrante. Elle a fait partie d’un apprentissage. Le passage à sept m’a fait beaucoup de bien. Je suis parti à quatre tournois, c’était une belle expérience. Je suis quelqu’un de très curieux, et ça m’a fait découvrir une autre facette du rugby. Je pense aussi que cela a eu des bienfaits notamment concernant l’aspect athlétique. L’expérience a aussi changé mon approche du rugby.
C’est-à-dire ?
Je suis beaucoup plus libéré depuis cette expérience à sept, mieux dans la tête. J’étais tombé dans un état d’esprit où tout était très séquencé sur le projet du club. J’ai le sentiment que ça m’a ouvert l’esprit en tant que joueur et personne. Le sept, c’est l’essence même du rugby. Quand je suis revenu à Bordeaux-Bègles, j’ai eu l’envie de plus jouer, d’attaquer les espaces, de prendre des risques et de tenter les décalages. Je ne regrette pas du tout d’avoir pu le faire durant cette période. J’ai retrouvé ce côté amusement pur de notre sport. Puis, c’était aussi une découverte d’autres horizons, d’autres pays. C’est une chance de pouvoir voyager grâce au sport. Nous étions, toutes les nations, dans les mêmes hôtels et tu discutes avec des étrangers dans un cadre plutôt cool. C’est un mélange incroyable et tu apprends sur toi mais surtout sur les autres. Tu t’ouvres en tant que personne.
Physiquement, êtes-vous aussi un joueur différent ?
Honnêtement, la préparation était très dure. À Marcoussis, ils ont une salle où tu peux faire monter la température. J’ai gagné en tonicité, dans le fait de répéter les tâches. J’ai beaucoup évolué, mais j’espère maintenant le montrer sur le terrain.
Comme toutes les recrues du RCT, vous êtes déjà assez scruté par les habitués lors des entraînements. Vous avez aussi évoqué des légendes comme Wilkinson ou bien Giteau. Comment appréhendez-vous cette forme de pression ?
Étant du sud-ouest, on naît un peu dedans (sourire). Je pense que Toulon est un club similaire à Bayonne. J’avais en tout cas le souhait de retrouver cette forme de proximité entre la ville et le club. Je voulais un club avec une forte identité. Je pense que je suis bien tombé, quand vous voyez le monde rien que pour des entraînements ! J’ai évoqué les anciens, car ils ont permis au club d’avoir un palmarès incroyable. Ces mecs m’ont donné envie de connaître le haut niveau, quand j’étais jeune. Pour moi, ce n’est pas une pression. Ils ont écrit l’histoire, à nous d’écrire la suite et de marcher dans leur trace.
Nous savons que Mignoni aime donner des objectifs de progression à ses joueurs. Quels sont les vôtres ?
À mon poste, je dois cadrer les choses, et ne pas faire n’importe quoi. Je suis un joueur d’instinct. Je dois conserver cette qualité, mais dans le jeu structuré. C’est d’ailleurs souvent le cas pour les ouvreurs. Je dois travailler mon jeu, notamment dans la prise de décision. C’est assez marrant, mais en bref : je dois être un ouvreur qui doit être en capacité de sortir parfois du cadre, tout en le conservant selon ce que le jeu demande. Après, plus individuellement, j’ai envie de jouer le plus possible, et bien évidemment pour l’équipe, j’ai envie qu’on fasse mieux que l’an passé dans les deux compétitions. La barre est haute, mais il faut être ambitieux.
Avec l’envie d’être acteur d’un titre, ce que vous n’avez pas pu être à Bordeaux-Bègles puisque vous étiez blessé lors du succès en Champions Cup…
J’ai plutôt bien vécu ce succès, car comme vous l’avez dit, j’étais blessé et mes chances d’être disponible étaient nulles. J’ai été le premier supporter de mes partenaires, et j’ai vécu un moment fantastique. Le retour à Bordeaux a été incroyable. J’ai donc goûté un peu de ça. Maintenant, j’ai envie de vivre ces moments sur la pelouse.