C’est la plage de Sormiou, dans le 9e arrondissement, que la préfète de police a choisi pour tirer le bilan provisoire du dispositif de sécurisation du littoral marseillais déployé depuis le mois de juin dernier.

Sous un soleil de plomb et une chaleur déjà écrasante en cette fin de matinée du mardi 12 août, au milieu des serviettes de plage, des parasols et des plagistes estomaqués devant une telle déferlante de policiers en tenue de maintien de l’ordre, Corinne Simon a passé en revue les troupes policières qui veillent sur Sormiou du matin jusque tard le soir, à pied, en moto, en VTT et même à cheval.

Derrière la carte postale

Joyau du parc national, véritable décor de carte postale, qui se mérite tout de même puisqu’il faut crapahuter une bonne quarantaine de minutes sur une route étroite et sinueuse dans la colline avant d’atteindre sa plage, Sormiou est « sans doute l’une des plus belles calanques de Marseille, mais aussi une calanque excentrée et difficile d’accès », a rappelé en préambule la préfète déléguée. Une situation géographique qui la rend vulnérable aux départs de feu, aux noyades, mais aussi à la délinquance en tout genre…

Car derrière la mer qui brille dans l’échancrure lointaine des collines de calcaire blanc et d’un massif taché du vert de la garrigue et des pins, Sormiou est aussi un lieu hautement sensible durant la saison estivale.

Changement de décor l’après-midi

Site remarquable, ultra-photogénique et instagrammable, hautement recommandé sur les réseaux sociaux, il subit une forte pression en termes de fréquentation, et attire invariablement inconditionnels marseillais et touristes, mais aussi une faune aux intentions peu louables qui a coutume de prendre la plage d’assaut dès 14 heures, quand les locaux les plus chanceux ont plié la serviette et se sont retranchés dans leurs cabanons.

À tel point que depuis 2022 et après avoir observé un regain de délits attribués à une forme de désinhibition post-Covid, les autorités ont décidé de remettre de l’ordre sur le littoral marseillais en général et sur la plage de Sormiou en particulier.

« Les CRS ont sanctuarisé la zone »

Trois ans plus tard, les vols à la roulotte ou par ruse, les incivilités, violences et autres ventes à la sauvette semblent singulièrement marquer le pas dans la calanque de Sormiou qui pourtant « présente traditionnellement des difficultés en termes de gestion de foule et possiblement de petites bandes qui viennent créer du grabuge », reconnaît la directrice zonale des CRS. Et la commissaire divisionnaire Camille Derrier d’évoquer un premier week-end de la saison un peu « mouvementé » avant que « la réactivité des CRS ne permette de sanctuariser la zone ».

Depuis, « pas d’incident majeur à déplorer » affirme le commissaire adjoint de la division sud, Anthony Ragot. « C’est le résultat de la mobilisation très forte de la police nationale des Bouches-du-Rhône, de la police municipale et des CRS venus en renforts pour les deux mois d’été », salue la préfète déléguée.

Dissuasion côté Cayolle

« On a même observé une baisse des faits constatés en termes de délinquance sur la calanque de Sormiou spécifiquement », renchérit le commissaire Ragot qui voit plusieurs facteurs à cette baisse notable de la délinquance. « Outre les brigades VTT et équestres, nous avons des motocyclistes qui disposent d’engins adaptés pour aller dans les chemins afin d’éviter les rodéos sauvages au cœur des calanques, mais aussi des patrouilles classiques qui sont mobilisées spécifiquement sur le dispositif du littoral et qui en sont en lien avec le poste de police de la plage tenue par les CRS. C’est une organisation qui nous permet d’avoir une remontée d’information en temps réel et d’adapter notre dispositif en fonction des demandes ».

Autre facteur dissuasif : les équipages de police positionnés de l’autre côté de la calanque, sur l’accès village de la Cayolle. « On y est tous les jours, y compris par le biais du contrôle routier » souligne le commissaire Ragot.

« La saison n’est certes pas finie, l’été n’est pas terminé, on reste mobilisés et humbles, mais les CRS tiennent la plage ».