Ultimatum, déploiement de sous-marins nucléaires et menaces économiques: les États-Unis ont durci le ton envers la Russie avant la rencontre de vendredi entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Risque-t-on d’assister à une escalade des tensions entre les deux pays en cas d’échec des négociations?
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Le 19 juillet, Donald Trump a donné 10 jours à la Russie afin de mettre fin à ses attaques en Ukraine.
Moscou a ignoré l’ultimatum lancé par Washington en multipliant les attaques d’envergure en sol ukrainien.
Le numéro deux du Conseil de sécurité de la Russie, l’ancien président Dmitri Medvedev, a ensuite critiqué la stratégie américaine, le 31 juillet, avertissant que chaque nouvel ultimatum fixé par Donald Trump rapprochait les États-Unis d’une guerre directe avec la Russie.
Le locataire de la Maison-Blanche a rapidement répondu à ce «commentaire provocateur».
«J’ai ordonné que deux sous-marins nucléaires soient positionnés dans les zones appropriées, au cas où ces déclarations idiotes et incendiaires soient plus sérieuses que cela. Les mots comptent et peuvent souvent avoir des conséquences imprévues, j’espère que cela ne sera pas le cas cette fois», a écrit le président américain dans un message publié sur son réseau Truth Social, le 1er août.
Une déclaration qui a de quoi inquiéter, selon le chercheur à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raould-Dandurand, Julien Tourreille.
«C’est troublant de voir que le président des États-Unis s’abaisse à de telles menaces, parce que c’est un comportement semblable à celui de Vladimir Poutine au début de la guerre [contre l’Ukraine]. Peut-être que, dans son esprit, c’est une façon de faire pression pour obtenir ce qu’il veut, au même titre que quand il brandit la menace de tarifs douaniers», analyse-t-il.
Vers une escalade des tensions?
Il est peu probable que le président américain brandisse à nouveau la menace nucléaire contre la Russie, croit Julien Tourreille.
«Donald Trump a plusieurs autres options, comme d’imposer des sanctions économiques au pays qui font des affaires avec la Russie ou encore d’augmenter les livraisons d’armes à l’Ukraine», indique-t-il.
Il estime toutefois que le républicain tentera avant tout d’obtenir une entente.
«Je crois qu’il est plus dans la recherche d’une solution, quitte à faire des concessions et à accepter plus de demandes de Moscou», avance le chercheur.
Le républicain a d’ailleurs indiqué que l’accord qu’il entend soumettre au président russe pourrait inclure un «échange de territoire», sans donner plus de détails.
Un autre scénario possible, plus préoccupant pour l’Ukraine, serait que Donald Trump en vienne à se désintéresser du conflit en cas d’échec des négociations.
«Il pourrait être tenté de laisser la Russie aspirer à sa zone d’influence tout en laissant les Ukrainiens se débrouiller tout seul pour éviter de perdre la face. C’est quelque chose qui correspondrait avec la personnalité de Trump», estime M. Tourreilles.