(Berlin) Des centaines de personnes attendent en maillot de bain, à quelques mètres de l’avenue historique de Berlin : elles se sont jetées dans la Sprée mardi pour demander la fin d’un siècle d’interdiction de la baignade dans cette rivière.
Publié à 15 h 26
S’immerger devant l’Ile aux Musées, classée à l’UNESCO, la cathédrale et la tour de télévision en arrière-plan, dans le bras canalisé de la rivière est une expérience « magnifique », affirme Alisan Yasar à l’AFP.
Ce juriste âgé de 28 ans, qui avait « dans la tête, en tant que Berlinois, qu’on ne va pas dans la Sprée », a voulu ainsi « combattre beaucoup de préjugés ».
En cette chaude journée d’été, les baigneurs ont répondu – légalement, la manifestation ayant obtenu une dérogation – à l’appel de l’association Flussbad, qui réclame la fin de l’interdiction de la baignade dans le centre de Berlin.
Si dans sa banlieue, la capitale allemande regorge de lacs et de rivières qui en font un paradis nautique, la Sprée en tant que telle reste interdite à la baignade depuis 1925, soit pile un siècle.
Mais « il fait de plus en plus chaud » et il faut donc « plus d’endroits publics pour nager gratuitement dans la ville », estime Oskar, un participant qui se dit « jaloux des villes » possédant déjà de tels lieux.
PHOTO EBRAHIM NOROOZI, ASSOCIATED PRESS
Des personnes s’apprêtent à nager dans la Sprée, à Berlin
C’est désormais le cas de Paris, depuis l’ouverture début juillet de trois sites de baignade, dont un près de la tour Eiffel, qui ont déjà accueilli plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Les Jeux olympiques de 2024, avec plusieurs épreuves disputées dans la Seine, avaient amené les autorités à redoubler de moyens pour dépolluer le fleuve, avec des travaux de captation des eaux usées pour éviter qu’elles ne s’y déversent.
À Berlin, l’initiative, lancée au début des années 2010, est confrontée à des retards et à des désaccords sur les infrastructures nécessaires.
Fermé à la navigation fluviale, le « canal de la Sprée » était un lieu de baignade populaire au début du XXe siècle avant que les autorités municipales n’interdisent cette pratique, affirmant que la pollution due à l’expansion de la métropole rendait l’eau trop sale.
« Nous mesurons l’eau » dont la qualité « est bonne », assure Katrin Androschin, une responsable de Flussbad. La qualité de l’eau est insuffisante « seulement quelques jours par an », selon elle.
Ailleurs en Allemagne, certaines parties de la rivière Isar à Munich ont été aménagées pour la baignade, permise une fois les eaux usées de la ville désinfectées au rayonnement UV.
Cependant, plusieurs villes de l’ouest de l’Allemagne envisagent d’interdire la baignade dans le Rhin après plusieurs cas de noyades.