En 2020, à 91 ans, le peintre Jean-Marie Girard a quitté les bords de sa chère Loire pour partir poser son chevalet à côté de celui de Cézanne. « La Loire, c’est, pour moi, comme la montagne Sainte-Victoire », aimait-il à dire, lui qui inlassablement avait guetté et saisi les caprices de lumière du fleuve.

Un livre (enfin) rend hommage à ce peintre dont les centaines d’œuvres témoignent d’une singulière « expérience du réel », de la Touraine aux marchés espagnols, des objets du quotidien aux gestes des musiciens saisis dans l’éphémère de l’instant.

Destiné aux mathématiques

Silhouette trapue de ceux qui aiment la terre, Jean-Marie Girard posait sur le monde un regard vif et sur la toile des touches qu’on jurerait fruit d’un instant d’humeur et pourtant, si patiemment reprises d’une main exigeante qui avait appris des cathédrales et de Bach « la force d’une structure qui chante ».

Destiné aux mathématiques, à 17 ans, c’est la rencontre avec la peinture de Cézanne et la révélation que « la beauté, l’équilibre, la vérité peuvent se cacher aussi dans un simple pot et quelques pommes ». Conservateur adjoint au musée des Beaux-Arts de Tours de 1954 à 1971, nourri de la connaissance des maîtres, toujours un crayon en poche, il confiait, inlassable explorateur « de la profondeur du visible », avoir « beaucoup marché et regardé », toujours en quête de la trace de poésie que peut receler un « paysage avant l’orage où la nature est en fièvre » mais aussi « la table de ma cuisine, cézannienne sans le savoir ».

« Jean-Marie Girard, une expérience du réel » aux éditions Le Livre d’art, 128 pages, près de 200 œuvres en couleur. Prix : 30 € ; en souscription avant sortie en librairie : 23 €.
www.lelivredart.com/project/girard/ou rosita.girard@orange.fr