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À trois jours du sommet Trump-Poutine en Alaska, la Russie progresse rapidement dans un secteur stratégique du Donbass. Kiev redoute que la rencontre n’aboutisse à un accord défavorable, tandis que l’Union européenne insiste sur la nécessité d’une paix fondée sur le droit international et la volonté du peuple ukrainien.

À l’est de l’Ukraine, l’armée russe a franchi ces derniers jours plusieurs lignes de défense, atteignant Koutcheriv Iar, un village situé jusqu’alors à plusieurs kilomètres du front. Cette percée, observée au nord-est de Pokrovsk, a permis à Moscou d’avancer d’une dizaine de kilomètres en une journée le long d’un axe stratégique, selon le site d’analyse militaire DeepState. Ce couloir désormais contrôlé menace Dobropillia, importante garnison ukrainienne, et fragilise les communications routières de la région.

Les prochains jours seront déterminants

L’état-major ukrainien décrit des combats défensifs « épuisants » face à des forces supérieures en nombre, tandis que l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) juge « prématuré » de parler de percée opérationnelle, tout en soulignant que les prochains jours seront déterminants. Des frappes russes ont tué trois civils et en ont blessé treize dans la région, accentuant la pression sur les villes de Donetsk tenues par Kiev.

Cette poussée intervient alors que Donald Trump doit rencontrer Vladimir Poutine vendredi, pour la première fois depuis 2019. Le président américain espère une rencontre « constructive », mais a évoqué l’hypothèse d’« échanges de territoires », un propos jugé alarmant à Kiev et en Europe. Moscou exige que l’Ukraine renonce à quatre régions partiellement occupées, en plus de la Crimée, et abandonne toute perspective d’adhésion à l’Otan. Des conditions inacceptables pour Volodymyr Zelensky, qui n’est pas invité à ce tête-à-tête.

Les dirigeants de l’UE insistent sur le droit de l’Ukraine à décider de son avenir et rappellent que toute paix doit reposer sur le respect de sa souveraineté. Une visioconférence est prévue ce mercredi avec plusieurs chefs d’État européens, l’Ukraine et l’Otan, pour coordonner la position avant la rencontre d’Alaska.

« Nous ne nous retirerons pas du Donbass »

Dans une déclaration commune, des responsables du Parlement européen préviennent qu’aucun accord dicté par Moscou ne serait « juste ni viable ». Ils mettent en garde contre toute concession territoriale forcée et rappellent qu’« agresser ne doit jamais être récompensé ». L’Union est appelée à maintenir son soutien politique, économique, militaire et humanitaire à Kiev jusqu’à l’obtention d’une paix « globale, juste et durable », précédée d’un cessez-le-feu inconditionnel.

À l’approche du sommet, Poutine multiplie les contacts avec des alliés stratégiques comme le chinois Xi Jinping, l’indien Narendra Modi ou le brésilien Lula, affichant sa capacité d’influence internationale. Trump, qui avait promis de régler le conflit en 24 heures, laisse planer l’incertitude sur son engagement, oscillant entre volonté de médiation et possible désengagement.

Pour Kiev, l’enjeu est clair : empêcher qu’une négociation bilatérale ne scelle sur le terrain diplomatique les gains obtenus par la Russie sur le champ de bataille. Les jours à venir diront si l’Alaska sera le point de départ d’un processus de paix… ou d’une nouvelle phase de la guerre. Volodymyr Zelensky a assuré hier que la Russie se préparait à de « nouvelles offensives » en Ukraine… « Nous ne nous retirerons pas du Donbass » a-t-il martelé.