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Les réactions politiques contre la nouvelle loi hongroise interdisant la célébration publique des parades des fiertés sont montés d’un cran, avec un nombre croissant de pays dénonçant la législation comme une attaque contre les droits de l’homme et le droit de réunion.

La Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, ont publié une déclaration de condamnation lue lors d’une réunion informelle des ministres de l’égalité mercredi, ont déclaré plusieurs diplomates à Euronews.

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« Nous sommes préoccupés par les lois adoptées en Hongrie qui sapent les droits des LGBTIQ+ et restreignent le droit de réunion pacifique et la liberté d’expression », ont-ils déclaré.

« Respecter et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales de tous, y compris des personnes LGBTIQ+, est inhérent à l’appartenance à la famille européenne. C’est notre responsabilité et elle est partagée par les Etats membres et les institutions européennes ».

L’Autriche, la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, l’Allemagne, l’Irlande, la Lituanie, le Portugal, la Slovénie, l’Espagne et la Suède ont soutenu la déclaration du BENELUX.

La France a émis un blâme « ferme » de son côté, a indiqué un diplomate, tandis que la Grèce et Chypre ont critiqué les « récents développements » à travers l’Union, en utilisant un langage large qui ne mentionnait pas la Hongrie mais qui était compris comme portant sur le même sujet.

Cette réaction intervient après l’adoption par le parlement hongrois d’un amendement à la constitution codifiant la loi que le parti au pouvoir a fait adopter rapidement en mars. Cette loi interdit les manifestations publiques considérées comme contraires à la loi sur la protection de l’enfance, ce qui restreint fortement les représentations de l’homosexualité et du changement de sexe.

Les événements organisés par la communauté LGBTQ+, tels que la parade annuelle de la fierté à Budapest qui attire des milliers de visiteurs, ont été interdits en vertu de la nouvelle loi.

Le texte permettra aux autorités d’utiliser des outils de reconnaissance faciale pour identifier les personnes qui organisent des événements interdits ou y assistent, sous peine d’amendes pouvant atteindre 200 000 forints hongrois (485 euros). Si elles ne sont pas payées, les amendes seront perçues comme des impôts.

En outre, l’amendement constitutionnel approuvé lundi déclare que les droits de l’enfant priment sur tout autre droit fondamental (à l’exception du droit à la vie) et reconnaît deux sexes, masculin et féminin, ce qui revient à nier les identités transgenres et intersexuées. L’amendement permet également aux autorités de suspendre, dans certaines circonstances, la double nationalité de certains ressortissants hongrois.

Budapest contre Bruxelles

Ces changements radicaux s’inscrivent dans le programme de Viktor Orbán. Le Premier ministre, qui se décrit lui-même comme « illibéral », a attaqué à plusieurs reprises ce qu’il appelle « l’idéologie woke », en introduisant des lois ciblant la communauté LGBTQ+, les migrants et la société civile.

« Nous protégeons le développement des enfants, nous affirmons qu’une personne naît homme ou femme et nous nous opposons fermement aux drogues et à l’ingérence étrangère », a-t-il déclaré après le vote au Parlement. « En Hongrie, c’est le bon sens qui compte. »

Les initiatives controversées de Viktor Orbán ont creusé le fossé entre Budapest et Bruxelles. En début de semaine, la Commission européenne a exprimé son soutien à la communauté LGBTQ+ et a déclaré qu’elle prendrait des mesures juridiques « si nécessaire » après avoir examiné la loi.

« Pour l’instant, nous devons analyser les changements (constitutionnels) parce qu’ils couvrent plusieurs sujets et que nous devons les examiner très attentivement pour être en mesure de les considérer du point de vue du droit européen », a déclaré un porte-parole.

Le porte-parole n’a pas fourni de calendrier pour l’ouverture de la procédure.

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Outre d’éventuelles violations des droits fondamentaux, l’interdiction de Pride fait également l’objet d’un examen minutieux en raison de son incompatibilité potentielle avec la loi sur l’intelligence artificielle, qui fixe des limites strictes à la manière dont les forces de l’ordre peuvent déployer la reconnaissance faciale.

Si un procès devait avoir lieu, il s’ajouterait à une série de fronts ouverts.

La loi sur la protection de l’enfance, la loi de 2021 qui sous-tend l’interdiction du Pride, fait déjà l’objet d’une action en justice devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) lancée par la Commission conjointement avec 15 États membres. (La liste des pays soutenant cette action est presque identique à celle qui a soutenu la déclaration du BENELUX à Varsovie).

Par ailleurs, la Commission a poursuivi la Hongrie pour sa « loi sur la souveraineté nationale » controversée et déduit une amende journalière d’un million d’euros imposée par la CJCE en raison d’un manquement « sans précédent » aux règles de l’UE en matière d’immigration et d’asile.

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Cette soustraction est appliquée à la part du budget de l’UE allouée à la Hongrie.

Dans le même temps, l’adoption par Viktor Orbán de positions favorables à la Russie a contrarié à la fois la Commission et la majorité des États membres.

Le mois dernier, Viktor Orbán a été le seul dirigeant à refuser d’approuver les conclusions communes sur l’Ukraine. Rien que cette année, la Hongrie a menacé à deux reprises de bloquer le renouvellement des sanctions contre la Russie, ce qui a conduit les diplomates et les fonctionnaires à envisager un plan B en cas de veto à la fin du mois de juillet.

En outre, la Hongrie est le seul pays qui s’oppose à la demande d’adhésion de l’Ukraine, allant jusqu’à lancer une consultation publique sur la question. Des panneaux d’affichage promouvant le scrutin y présentent notamment le président Volodymyr Zelensky et le visage de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

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