Chantal Lebrat, ancienne déléguée de la Croix-Rouge international, expose et vend samedi 16 août une vingtaine de toiles inspirées par vingt années de mission en zones de guerre (Bosnie, Tchétchénie, Ukraine). Pourquoi a-t-elle troqué l’humanitaire pour la protection animale ? Son roman « L’Affaire Taïga » qu’elle dédicacera pendant l’exposition, en dévoile le sens
Chantal Lebrat dit souvent : « De l’humanitaire à la protection animale, il n’y a qu’un pas : même constat — même combat. » Originaire du Chambon-sur-Lignon, cette médaillée d’argent de la Défense nationale a, dans ses gènes, la protection des opprimés. Son grand-père, Samuel Lebrat, résistant de la première heure, dont la photo orne l’un des panneaux du musée Lieu de Mémoire, n’y est sans doute pas étranger. « Je pense avoir hérité cet engagement viscéral de protection des opprimés de mon grand-père Samuel, que je n’ai pourtant jamais connu, mais toujours admiré à travers les récits de mon père. Son courage de Poilu, de soldat du feu et de résistant m’a toujours impressionnée. »
Durant une longue carrière en zones de guerre — notamment pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), mais aussi comme officier au sein de l’armée française —, elle a côtoyé civils et combattants des armées régulières ou irrégulières. Déléguée du CICR, elle leur rappelait les règles du droit international humanitaire (DIH) autrement dit les Conventions de Genève protégeant les civils, les prisonniers et les personnes hors de combat.
De véritables « instantanés de guerre »
« En Tchétchénie, je profitais de nos séminaires sur le DIH pour discuter avec de jeunes soldats russes. Inquiets, ils attendaient la relève, mais l’association des mères de soldats bloquait les voies ferrées à Rostov-sur-le-Don pour empêcher le départ de nouveaux convois. Du coup, leur mission se prolongeait indéfiniment et leur moral était au plus bas. Chaque jour, ils perdaient un camarade. »
L’un des tableaux exposés et mis en vente ce samedi évoque ce sentiment de délivrance quand les appelés quittent enfin le théâtre d’opérations. D’autres décrivent ce qu’il reste d’un bâtiment après une attaque ou la résignation des civils face à un obus non explosé, planté dans le sol, devenu le perchoir d’une poule. Certains ont été présentés au Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève ; d’autres relatent des événements jamais portés à la connaissance du public français…
Ces œuvres sont des moments saisis sur le vif, de véritables « instantanés de guerre », témoignant de la réalité des conflits : Bosnie, Arménie, Karabakh, Tchétchénie, Kosovo, Ossétie, Irak, Kirghizstan… « Tous rappellent combien il est dramatique de pousser les nations à s’entretuer pour servir de simples intérêts politiques et financiers, et à quel point il est vital de gérer les antagonismes ethniques ou religieux par la seule voie du dialogue », souligne-t-elle.
Elle protège aujourd’hui les animaux
Si sa sclérose en plaques n’avait pas progressé, limitant peu à peu son périmètre de marche, Chantal Lebrat serait sans doute aujourd’hui en mission au Moyen-Orient, œuvrant à la protection des civils. Le handicap l’a contrainte cependant à adapter ce besoin viscéral de protéger les opprimés à ses nouvelles possibilités. Elle s’est donc tournée vers l’animal.
Tout en terminant une formation d’auxiliaire vétérinaire, elle a écrit « L’Affaire Taïga », véritable plaidoyer en faveur des chiens. « Les animaux domestiques sont comme les populations civiles en temps de guerre : vulnérables, soumis à la cruauté des hommes et à l’absence de sanctions réellement dissuasives. « L’Affaire Taïga » apporte, elle, des solutions vraiment radicales. »
Son roman sera également vendu et dédicacé lors de l’événement.
Infos pratiques
Samedi 16 août – 17 heures
244 chemin du Vermoillon 43400 Le Chambon-sur-Lignon
Se garer à l’extérieur de la propriété. Traverser le parc jusqu’au bosquet de bouleaux et suivre la flèche « Atelier ».
Téléphone : 06 74 54 04 84