Invité surprise. La visioconférence programmée ce mercredi 13 août entre Donald Trump et les principaux dirigeants européens dans le but de convaincre le président américain de défendre les intérêts de l’Ukraine lors du sommet bilatéral prévu en Alaska vendredi 15 août, sera finalement rejointe par le principal intéressé. Selon une information de l’AFP obtenue par une source gouvernementale allemande, Volodymyr Zelensky est en route pour Berlin.

Le président ukrainien n’a pas été convié au sommet en Alaska, où Kyiv et les Européens craignent que Donald Trump et Vladimir Poutine ne s’entendent entre eux pour contraindre l’Ukraine à céder des portions de son territoire, après trois ans et demi de conflit. S’efforçant de peser sur le président américain d’ici vendredi, le chancelier allemand a invité ce dernier et son vice-président, JD Vance, à s’entretenir mercredi avec les chefs d’Etat et de gouvernement français, britannique, italienne, polonais, finlandais et ukrainiens.

Leurs discussions porteront sur les moyens d’«exercer une pression sur la Russie», «la préparation de possibles négociations de paix» et les questions «relatives aux revendications territoriales et aux garanties de sécurité», selon Berlin. La veille de la rencontre à distance, mardi, les dirigeants des pays de l’UE – à l’exception de la Hongrie – ont insisté sur la nécessité pour les Ukrainiens de pouvoir «décider de leur avenir», jugeant que des négociations substantielles ne peuvent se tenir que «dans le contexte d’un cessez-le-feu ou d’une réduction des hostilités».

Vladimir Poutine a pour sa part conversé avec de nombreux chefs d’Etat ou de gouvernement ces derniers jours, dont ses plus proches partenaires : le Chinois Xi Jinping, l’Indien Narendra Modi, le Brésilien Lula et le Nord-Coréen Kim Jong Un.

Donald Trump est resté vague sur ses attentes vis-à-vis de Vladimir Poutine. Il a dit vouloir «tâter le terrain» et jugé «très respectueux» de la part de son homologue russe de se déplacer en territoire américain. Il s’est aussi dit «un peu contrarié que Zelensky dise “je dois avoir une autorisation constitutionnelle” pour céder des territoires». «Car il y aura des échanges de territoires», a-t-il prédit, alors que l’armée russe occupe environ 20 % du territoire ukrainien.

Avant son retour à la Maison Blanche en janvier dernier, le président américain s’était vanté de pouvoir mettre un terme à trois ans d’invasion russe en «24 heures». Mais ses ambitions ont été douchées par l’échec de trois cycles de pourparlers entre Kyiv et Moscou organisés en Turquie.

Sur le terrain, les troupes russes grignotent du terrain depuis des mois. L’armée ukrainienne a reconnu qu’elles avaient effectué ces derniers jours une percée de plusieurs kilomètres dans un secteur stratégique de la région de Donetsk, au nord-est de Pokrovsk. Mardi à Kyiv, Volodymyr Zelensky a affirmé que la Russie ne se préparait «pas à mettre fin à la guerre», mais à de «nouvelles offensives» sur son territoire. Il a qualifié la rencontre Trump-Poutine de «victoire personnelle» pour le dirigeant russe et exclu tout retrait dans l’est de l’Ukraine dans le cadre d’un accord de paix.

Moscou réclame que Kiev lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’Otan. Des exigences inacceptables pour l’Ukraine, qui exige un retrait des troupes russes de son territoire et des garanties de sécurité occidentales, dont la poursuite des livraisons d’armes et le déploiement d’un contingent européen.

Mise à jour : à 10 h 30 avec les attentes européennes au sujet de la visioconférence organisée avec l’administration américaine.