Par
Lisa Rodrigues
Publié le
13 août 2025 à 15h15
Encore récemment accusée d’être proche de la majorité écologiste d’Éric Piolle à Grenoble pour avoir clamé son soutien aux travaux engagés en centre-ville par la municipalité, l’association ADTC – Se déplacer autrement prend, pour ainsi dire, le contre-pied de ses détracteurs.
À quelques semaines de la rentrée et d’une probable accélération de la campagne municipale où le sujet des transports à Grenoble devrait occuper une place dans les débats, l’association exprime une position clairement opposé à celle de l’édile sortant : non à la gratuité dans les transports en commun. Elle explique longuement cette prise de position dans un communiqué.
Financer la modernisation du réseau
L’argument principal de l’association en faveur d’un maintien d’un ticket de transport, c’est la participation financière aux transformations et à la modernisation du réseau de transports grenoblois.
La gratuité priverait le transport public de financements indispensables à son développement.
ADTC – Se déplacer autrement
Est notamment pris comme exemple l’extension du réseau de tram souhaitée par de nombreux usagers, à en croire l’association. Fin août 2024, la ligne D a été rallongée de plusieurs arrêts. Un projet qui a coûté près de 7 millions d’euros et a permis une augmentation du nombre de passagers sur la ligne, de 3 500 voyages par jour à 12 000 selon les chiffres du SMMAG (Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise), organisme gestionnaire des mobilités.
« La gratuité pour l’usager, chiffrée en 2019 à 60 millions € par an, rendrait impossible ces extensions pourtant indispensables », plaide l’ADTC. Difficile en effet d’imaginer le SMMAG faire une croix sur ce montant, alors qu’il vient d’annoncer un investissement de 218 millions d’euros pour changer ses rames de tram vieillissantes…
Des secteurs encore peu desservis par les transports
Autre limite à la gratuité des transports en commun sur Grenoble soulevée par l’association, l’absence d’une offre suffisante de transports pour tous les habitants.
« À quoi sert la gratuité s’il n’y a aucune offre de transport public pour certains, comme par exemple le dimanche pour les habitants du Versoud, Villard-Bonnot, Froges et Le Champ Près Froges », demande l’ADTC.
Ce n’est pas la « gratuité pour tous » qui doit être proposée mais la tarification solidaire qui doit permettre à chacune et à chacun d’accéder au droit à se déplacer.
ADTC – Se déplacer autrement
La gratuité, c’est aussi non pour le SMMAG
Une position sur la gratuité des transports globalement partagée par Sylvain Laval, président du SMMAG, lors du bilan de mandat de juillet dernier. Même si, du point de vue du syndicat, la couverture du territoire a été améliorée avec, notamment, la création de nouvelles lignes de bus périphériques.
« Ce n’est pas une non-tarification dans le centre urbain qui produit un report modal pour les habitants des périphéries, martelait en juillet Sylvain Laval. Toute comparaison avec d’autres territoires n’a pas de sens : ce sont des périmètres plus petits, avec des niveaux de service plus faibles. »
Concernant la demande d’ADTC pour la tarification solidaire, le SMMAG a rappelé qu’elle existe déjà pour les populations modestes, facilitée par la simplification tarifaire du réseau : un ticket unique pour se déplacer sur Grenoble-Alpes Métropole, le Grésivaudan et le Pays Voironnais.
Gratuit pour certains Grenoblois
Le débat sur la gratuité des transports ne devrait toutefois pas s’arrêter de sitôt.
Il est tout de même à rappeler que, depuis le 1er septembre 2024, certains habitants de Grenoble peuvent bénéficier de la gratuité des transports en commun, une mesure portée par la Ville, suivant une promesse de 2020 d’Éric Piolle. D’après les chiffres de la municipalité, 47 000 personnes sont éligibles.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.