Dans la dernière saison de Drive to Survive, une scène montre Ayao Komatsu face à l’un des membres de l’équipe Haas, qui se demande si la signature d’Esteban Ocon est la bonne décision pour l’équipe.

« Êtes-vous certain à 100% qu’Ocon s’intègrera bien chez nous ? », demande-t-il au manager japonais.

Le recrutement du Français, qui traîne la répétition de ne pas faire le jeu de ses équipes, a été source de débats dans les médias et en interne. L’accord a été annoncé quelques mois après l’accrochage entre Ocon et son équipier d’alors, Pierre Gasly, à Monaco, ce qui lui a valu de fortes critiques, à tel point que certains spéculaient sur le fait qu’Alpine pourrait le mettre à l’écart dès la course suivante au Canada.

Les doutes sur un Ocon potentiellement difficile à gérer faisaient naître des doutes sur l’intérêt de remplacer Kevin Magnussen, vétéran de l’équipe.

« L’essentiel pour moi, c’est son éthique dans le travail. On peut voir la façon dont il roule, donc je suis assez confiant pour qu’il soit le bon choix », assurait Komatsu à l’époque face à son équipe. Face aux caméras, il ajoutait : « Pour que les pilotes soient performants, ils doivent être à l’aise dans leur environnement, et je crois que chez Haas F1 Team, nous offrons cet environnement. »

Esteban Ocon, Haas F1 Team, Oliver Bearman, Haas F1 Team

Oliver Bearman et Ayao Komatsu.

Photo de: Mark Sutton / Formula 1 via Getty Images

Une année plus tard, Komatsu a l’impression de ne plus avoir à justifier ce recrutement. Selon lui, Ocon a apporté les preuves suffisantes à l’équipe et aux observateurs pour faire disparaître les doutes sur son approche.

Pour Komatsu, la preuve la plus nette de la bonne volonté d’Ocon est venue à Spa, quand le Français a de sa propre initiative laissé sa position à son coéquipier, Oliver Bearman, parce qu’il sentait que le Britannique était plus rapide.

De quoi effacer tous les doutes ? « Absolument, oui », a répondu Komatsu à une sélection de médias dont Motorsport.com. « Vous ne l’avez pas vu [à Spa] ? »

Ocon, 11e en début de course, roulait avec peu d’appui parce que l’équipe avait décidé d’adopter des stratégies différentes sur ses deux voitures. Sur une piste humide, il avait du mal à maintenir le rythme et finalement laissé Bearman le doubler.

« L’équipe ne m’a pas demandé de le laisser passer, mais je le bouchonnais pas mal dans le deuxième secteur et je détruisais mes pneus beaucoup plus vite », a alors expliqué Ocon. « Donc je l’ai laissé passer juste avant le virage 5, je me suis mis à l’intérieur. »

Komatsu ne voit pas de meilleure preuve. « Je n’ai même pas eu à donner de consigne », a souligné le patron de l’équipe. « Esteban a laissé passer Ollie de lui-même. C’est ma réponse. Sincèrement, les deux jouent vraiment bien le jeu de l’équipe. »

Esteban Ocon, Haas F1 Team

Esteban Ocon, Haas F1 Team

Photo de: Zak Mauger / LAT Images via Getty Images

« Je pense que quand vous [les médias] vous interrogiez sur ce sujet à la fin de l’année dernière, je disais que j’étais confiant, mais il ne s’agissait pas que de paroles. Je crois vraiment que si on poste des fondations de confiance et de respect entre les pilotes et l’équipe, si cette fondation est là – parce qu’on ne fera pas tout bien tout le temps, certaines de nos consignes d’équipe pourraient être une erreur – tant qu’on a cette fondation, cette transparence et ce respect, il n’y aura aucune escalade. »

Komatsu insiste sur le fait que ses deux pilotes actuels font toujours le jeu de l’équipe, avec des règles claires sur des stratégies différentes dans les discussions en interne.

« Il fallait mettre des niveaux d’appui différents pour les qualifications et la course [à Spa] en raison de l’incertitude sur la météo, etc. Puis, dimanche matin, nous avons eu une discussion parce qu’avec autant de différences d’appui, à un certain moment, une voiture sera beaucoup plus rapide que l’autre. Nous nous sommes assis, nous avons discuté tous les trois, c’était très clair. Puis en course, Esteban a juste dit ‘Je vais laisser passer Ollie maintenant’. Nous ne l’avons même pas demandé. C’est tout. C’est ma réponse. »

L’accrochage de Silverstone n’a pas laissé de traces

Même quand Ocon et Bearman se sont accrochés à Silverstone, cela n’a suscité aucune controverse, malgré les points perdus pour l’équipe.

« Les circonstances étaient très particulières à Silverstone parce qu’il n’y avait qu’une seule trajectoire sèche, donc cela posait problème, mais rien n’était intentionnel de leur part », a expliqué Komatsu. « J’ai eu une très bonne discussion [avec les pilotes], très bonne, mais même avant ça, à chaque fois que nous avons dû donner une consigne d’équipe, échanger les positions, à chaque fois : aucune question, [ils] l’ont immédiatement fait. Exceptionnel. »

« Si nous faisons des erreurs, nous en parlerons après la course en étant totalement ouverts, comme à Silverstone. Les deux pilotes ont eu un contact, ce n’était pas ce que nous voulions. Mais nous nous sommes assis, nous en avons parlé, nous avons fait part de nos observations, nos opinions. Nous allons dit ‘C’est ce que nous ferons à l’avenir’. Aucun problème. »

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Ayao Komatsu avec ses pilotes, Oliver Bearman et Esteban Ocon.

Photo de: Peter Fox / Getty Images

Pour Komatsu, cette relation se construit sur des fondations de confiance mutuelle entre l’équipe et le pilote, ce qui a manqué à Ocon ailleurs. Mais ce processus suit son cours : « Pour moi, c’est la clé, juste la base. Juste la confiance, la transparence, le respect. »

« Tout le monde est humain. Si le pilote ne fait pas confiance à l’équipe, l’équipe ne fait pas confiance au pilote. Si on se dit, par exemple, ‘Cette décision m’est imposée’, ce n’est évidemment pas le mieux humainement. Ce n’est même pas une question de compétition, c’est plus une qualité humaine de base. Le respect, la transparence, l’honnêteté, l’inclusion. Tout ça, sincèrement, c’est ce que nous essayons de construire dans cette équipe. »

« Esteban a passé de nombreuses années en Formule 1, des bonnes et des mauvaises, mais maintenant je sens que nous avons cette base. Évidemment, c’est une chose qui se construit en permanence, mais nous le faisons. Je pense qu’il est fondamental que la confiance soit là. »

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