Ce jeudi, cela fera exactement 100 jours que le conservateur Friedrich Merz a été élu chancelier par le Bundestag, l’Assemblée nationale allemande. Il n’aura guère le cœur à fêter l’événement : moins d’un tiers des électeurs (29 %) est satisfait de son action. Le soutien reste élevé mais en diminution dans ses troupes de la CDU-CSU, il est en revanche déjà minoritaire chez les électeurs du SPD social-démocrate, le partenaire de la coalition. La télévision RTL/ntv, qui publie ce sondage Forsa, titre joliment : « La cote de Merz tombe à la cave. »

L’extrême droite en hausse

Plus préoccupant encore, si possible : les intentions de vote pour le parti d’extrême droite AfD (Alternative für Deutschland) dépassent une nouvelle fois celles de la CDU-CSU, à 26 % contre 24 %. Or, c’est bien aux électeurs de l’AfD que Friedrich Merz a voulu s’adresser dès son élection, avec la volonté de les « ramener au bercail » du centre droit en prenant des mesures très dures contre l’immigration.

L’échec n’est pas moins net sur l’économie. Après avoir surpris son propre électorat en lâchant le frein sur la dette de l’État pour lancer de grands investissements, le chancelier gagne certes le satisfecit des trois quarts des chefs d’entreprise – mais les deux tiers des électeurs (62 %) s’attendent à une dégradation de l’économie allemande.

Les prorusses aussi

Hors d’Allemagne, cependant, les « 100 jours » de Friedrich Merz ont été jugés plutôt positifs. Mais son activisme diplomatique, en rupture avec la discrétion de son prédécesseur Olaf Scholz, pourrait vite pâtir de son impopularité. Il a déjà heurté sa base conservatrice par sa décision de cesser les livraisons à Israël d’armes pouvant servir à la guerre à Gaza.

Il s’est même attiré les critiques de l’AfD, qui épouse la métamorphose de l’extrême droite européenne d’un fond antisémite à la défense d’Israël, au nom de la lutte contre l’islam. Et le soutien affirmé à l’Ukraine de sa coalition CDU-CSU-SPD est menacé par la montée de l’AfD à droite, mais aussi de Die Linke (à 11 %, juste derrière le SPD en chute à 13 %), une gauche radicale également proche des thèses russes.