De Gstaad à Montréal en passant par Brasilia et Ostrava, rien n’importe plus que la qualité du sable sur le circuit professionnel de volleyball de plage. Et lorsque la compétition se déroule sur un circuit de Formule 1, impossible de tourner les coins ronds.
Publié à 16 h 51
Pour la deuxième fois en trois ans, l’étape montréalaise du Beach Pro Tour se déroule sur le circuit Gilles-Villeneuve. Cette année, toutefois, les terrains ont été aménagés dans l’épingle, et non devant les paddocks, comme lors de la première édition.
PHOTO NICHOLAS RICHARD, LA PRESSE
Les vibreurs du circuit Gilles-Villeneuve sont visibles non loin d’un terrain.
Pour la construction et la mise en place du site, les organisateurs pouvaient donc difficilement s’appuyer sur l’expérience acquise en 2023. En entrevue avec La Presse mercredi après-midi dans le quartier des athlètes, le directeur général du tournoi, Joseph Limare, a expliqué qu’au départ de ce long processus, entamé pendant l’hiver, la première étape visait à trouver un fournisseur de sable.
Dans ses démarches, le groupe organisateur, aussi derrière les Grands Prix cyclistes et le marathon de Montréal, a trouvé un fournisseur ontarien qui s’avère aussi être un important partenaire du circuit Volleyball World. « Il est aussi habilité à valider le sable et s’assurer qu’il répond au cahier des charges. Il y en a seulement quatre ou cinq dans le monde qui peuvent le faire. Donc il fournit [le sable] et le valide, c’était clés en main. »
Chaque terrain de compétition nécessite 325 tonnes de sable. Avec deux terrains aménagés dans l’épingle, 650 tonnes de sable ont donc été acheminées sur le circuit. Des dizaines de camions ont roulé vers l’île Sainte-Hélène au cours des six derniers jours pour transporter tout le sable requis.
« Le sable est très important, convient M. Limare. Surtout pour les joueurs qui passent leurs journées dessus. Ils doivent retrouver le même niveau de qualité partout dans le monde. Il y a un cahier des charges très important à respecter. »
Le succès du tournoi dépend de la qualité du spectacle et du bonheur des athlètes. Sans le bon type de sable, impossible de répondre adéquatement aux attentes.
C’est comme la glace du Centre Bell. C’est là que les athlètes performent.
Joseph Limare, directeur général du tournoi
Pour la construction des surfaces de jeu, il fallait d’abord recouvrir la portion asphaltée de la piste de course pour éviter de l’endommager. Lando Norris et Charles Leclerc auraient sans doute été peu enthousiastes à l’idée de piloter sur une piste abîmée en mai prochain.
Les employés du site ont ensuite monté et rempli de sable des coffrages de 24 pouces de profondeur. Comme d’immenses piscines hors terre pleines de sable. Piscines dans lesquelles il est évidemment permis de plonger pour sauver un point.
Un grand projet
Les organisateurs avaient le choix d’acheter ou de louer le sable. Ils ont préféré la première option.
Si bien que comme le tournoi reviendra à Montréal pour au moins trois autres éditions, le sable sera entreposé en Montérégie, à moins d’une heure du site de compétition.
« C’est à l’air libre, couvert, dans des conditions qui font en sorte qu’on pourra le réutiliser à 98 ou 99 % l’année prochaine », confirme M. Limare.
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Les organisateurs ont trouvé le moyen d’économiser une somme considérable en construisant le site de compétition dans l’épingle du circuit Gilles-Villeneuve.
Toujours selon le directeur général, la confection des coffrages et l’achat du sable représentent un montant d’environ 80 000 $. « Dans un budget, c’est un montant important, mais pour nous, c’est un investissement. »
D’autant plus que Plage M, un centre intérieur de volleyball de plage situé à Montréal, pourrait aussi se servir de cette immense quantité de sable. « Donc au lieu de le stocker, on pourrait par exemple trouver un arrangement pour qu’il soit utilisé à longueur d’année », ajoute M. Limare.
Les organisateurs ont quand même trouvé le moyen d’économiser une somme considérable en construisant le site de compétition dans l’épingle. Dans cette section névralgique et mythique de la piste, les gradins s’y trouvent en tout temps. Contrairement aux paddocks, où des gradins temporaires ont dû être construits en 2023.
« Est-ce plus viable de construire un stade autour des terrains ou construire des terrains là où il y a déjà un stade et des gradins ? », demande M. Limare. Poser la question, c’est y répondre.
À Montréal pour de bon
En 2023, au terme de la première édition, les organisateurs avaient affirmé que le tournoi resterait à Montréal pour les quatre années suivantes. Or, en 2024, pour des raisons de financement, la compétition n’a pas eu lieu.
Lors de la conférence de presse inaugurale du tournoi, mardi, M. Limare a confirmé que l’évènement se tiendra à Montréal jusqu’en 2028.
La différence entre cette promesse et celle faite il y a deux ans, « c’est que Tourisme Montréal et la Ville de Montréal ont vraiment voulu qu’on se penche sur l’évènement. Alors il y a une volonté politique et il y a une volonté que l’évènement existe », explique le directeur général.
Lorsque le groupe a sollicité le gouvernement provincial, « très rapidement, il a dit qu’il allait être là pour soutenir l’évènement ».
Le groupe organisateur prend « 100 % des risques financiers », mais selon M. Limare, le modèle en place demeure « le meilleur possible ».
« On estime que le risque est acceptable sur une période de quatre ans. Sur une licence d’un an ou deux ans, on ne serait pas allés de l’avant avec Volleyball World. »
Mais nous y sommes jusqu’à dimanche. Les meilleurs athlètes de la discipline ont déjà couru, sauté et plongé sur le sable chaud. Et les Canadiennes Melissa Humana-Paredes et Brandie Wilkerson tenteront de défendre leur titre acquis il y a deux ans.