Salim Zeghdar a succédé à Claude Palmero à l’administration des Biens du Prince après son éviction du Palais en juin 2023. Les deux hommes sont depuis en guerre ouverte.
Pourtant, de 2013 à 2015, ils œuvraient sur le même dossier Monacair. Une société dont Salim Zeghdar a été le directeur général de 1996 à 2009, alors que Claude Palmero était le gérant des SCP ABC et JKL, au travers desquelles Andrea et Pierre Casiraghi détenaient des parts dans cette même société.
En amont de l’appel d’offres, Palmero – qui de son propre aveu n’était pas dans les petits papiers des Casiraghi – aurait pris la tête d’un comité de pilotage qui « essayait de régler les problèmes qui étaient remontés par le Comité de travail », lui-même mené par Salim Zeghdar.
Deux instances informelles chargées d’opérer un rapprochement entre la Principauté et la plateforme aéroportuaire de Nice. L’ambition était de faire de celle-ci un aéroport binational dont Monaco serait devenu une destination finale. Une idée qui aurait germé au temps de Jacques Médecin et du prince Rainier III.
C’est dans ce cadre que la liaison hélicoptère entre Nice et Monaco est devenue un point crucial. Au point de remettre en cause son exploitation historique par la société Héli Air Monaco qui, depuis 1996, bénéficiait d’une convention ne stipulant aucun terme et dont le cahier des charges n’aurait pas été clairement défini.
La suite on la connaît: une remise en concurrence en janvier 2015 qui s’est conclue par l’éviction de HAM au profit de Monacair.
Interrogés tour à tour
Les neveux du Prince ont-ils été privilégiés? C’est la question que les enquêteurs ont soumise, sans ménagement, à Claude Palmero et Salim Zeghdar, tous deux auditionnés. S’ils se défendent d’avoir « donné des instructions », ils n’ont pas manqué de se défausser l’un sur l’autre.
La guerre entre les deux hommes transparaît en filigrane de leurs interrogatoires. Claude Palmero déplore que Salim Zeghdar lui ait été imposé dans ce dossier directement par le Prince. Celui-ci réfute tout lien direct avec le Souverain ou ses neveux et affirme qu’il était placé sous l’autorité hiérarchique de Claude Palmero.
« C’est lui qui orientait, qui contrôlait et qui validait », assène-t-il. Pointant directement la responsabilité de son prédécesseur si des irrégularités ont pu être commises.
L’ex-administrateur des Biens limogé insiste lui sur le rôle ambivalent de son successeur. « D’autres événements passés ont démontré que Salim Zeghdar pouvait discuter directement avec le Prince et tenter de m’imposer une décision », glisse-t-il en faisant référence à l’achat avorté d’un jet à 91 millions de dollars auprès du constructeur Dassault – pour lequel Salim Zeghdar avait travaillé.
Mais Palmero aurait eu le dernier mot: « J’ai maintenu mon refus et le Prince a décidé à surseoir à l’achat de l’avion ». « Je n’ai récolté de l’histoire Monacair que des ennuis et aucun avantage », conclut-il.