Sous-titré ‘‘Hommage à nos disparus’’, ce nouvel ouvrage vient enrichir une collection déjà foisonnante de livres sur le riche passé et présent de Saint-Raphaël. Et l’idée de départ a beau sembler un peu déprimante, voire lugubre – parcourir les tombes et fouiller les cimetières – mais elle n’en reste pas moins ingénieuse et bien efficace pour mettre au jour des noms, des familles et des personnalités qui ont marqué, pour diverses raisons, la ville et son patrimoine. Et faire revivre ainsi l’âme de la cité.
In Memoriam, sorti jeudi dernier, est le fruit de longues recherches pour agrémenter un ouvrage facile à lire, bien compartimenté en chapitres (lire ci-dessous), avec des photos souvent inédites et des documents parfois peu connus du grand public. Un travail de fourmi, ou plutôt d’enquêteur, sous la direction de Jean-Luc Guillet, qui s’appuie sur l’expertise d’un comité scientifique de grande qualité – Alain Droguet, Frédéric de Giraud d’Agay, Laurence Lassalle, Annie Butard et Olivier Rolland, pour signer un livre, édité par la Ville, riche, détaillé et très instructif, même pour ceux qui connaissent déjà certaines histoires de famille.
« Les cimetières, témoins visibles de notre passé »
« Ce livre raconte l’évolution de notre cité, ses épreuves, ses mutations, ses figures illustres comme ses anonymes, sous un angle original mais profondément évocateur, estime le maire Frédéric Masquelier. Saint-Raphaël est héritière d’histoires multiples, notre identité se nourrit autant de la pierre des monuments que des récits gravés dans le marbre des cimetières. Ce livre est un outil de connaissance, mais aussi un acte de fidélité envers ceux qui nous ont précédés. […] Nos cimetières sont bien plus que des lieux de silence. Ils sont les témoins visibles de notre passé, la mémoire à ciel ouvert de notre ville, les gardiens de destins qui, chacun à leur manière, ont façonné Saint-Raphaël. »
Et que ce soit le cimetière Alphonse-Karr, celui de l’Aspé ou celui de la nécropole, « ils ont tous révélé des histoires, des anecdotes et des événements qu’il nous est donc aujourd’hui possible de restituer dans cet ouvrage, révèle Jean-Luc Guillet. Et nous sommes allés d’explorations en découvertes! Certaines tombes n’ont pas de nom mais juste un numéro dans un listing. C’était vraiment passionnant d’investir certaines pistes et d’en apprendre plus sur ces gens qui ont fait ce que la ville est aujourd’hui. Il faut aussi remercier les gardiens des cimetières qui ont été précieux! »
In Memoriam pourrait aussi susciter, dit-on, un intérêt pour des visites guidées des cimetières de la ville. Qui pourraient bien se mettre en place un jour.
« Il n’y a pas de cimetière assez grand pour engloutir le passé », disait l’écrivain finlandais Arvi Kivimaa. Ces lieux ont tellement de choses à raconter! Un très instructif condensé peut se dévorer, dès aujourd’hui, dans In Memoriam.
Familles d’agriculteurs, de pêcheurs ou de commerçants. Des militaires, des entrepreneurs, des artistes, des résistants… Mais aussi les communautés anglaise, italienne, arménienne, juive: le livre offre une bien large palette de grands noms qui ont fait Saint-Raphaël.
En ces jours où l’on célèbre le 81e anniversaire du Débarquement en Provence, faisons un zoom sur certains de ces héros qu’In Memoriam a su mettre en lumière. « Parmi les ouvrages des Collections de la Ville, on a bien sûr eu l’occasion d’aborder en détail le Débarquement de Provence et les résistants, rappelle Jean-Luc Guillet. Mais dans In Memoriam, on a développé encore un peu plus la vie et le quotidien de ces héros. »
Dès 1940 et l’armistice conclu entre le IIIe Reich et le gouvernement de Pétain, « les premiers actes de résistance se sont exprimés à Saint-Raphaël, détaille le livre en introduction de ce chapitre. On peut ainsi lire ‘‘ bas Pétain’’ sur la devanture de l’établissement de bain La Réserve. »
Les frères Artufel à l’honneur
Quelques pages plus loin, on peut y lire le destin de Jacques Artufel, Raphaëlois membre du mouvement Combat. « vingt ans, il est particulièrement actif dans la diffusion des tracts gaullistes et le collage des messages anti-Pétain […] Il participe aux combats du 16 août 1944 pour libérer la commune. Il est tué ce jour-là aux Iscles, où réside alors sa famille. » On y évoque aussi le destin de son jeune frère Jean, qui est lui inhumé à Barjols.
L’ouvrage retrace également les parcours de Gabriel Osée, propriétaire avec sa mère de l’hôtel Les Arènes et qui participera à la libération de Saint-Raphaël, ou encore Eugène Martin, Pierre-Jean Herbinger, Amédée Peironne, Roger Landini, Jean Charlot… Difficile de devoir n’en retenir que quelques-uns! « On ne s’y attendait pas trop, mais on a quand-même découvert onze Compagnons de la Libération », s’enthousiasme Jean-Luc Guillet.