Potagers entièrement broutés, conducteurs obligés de piler au milieu de la route et une origine qui intrigue… Sur la « Côte bleue », à l’ouest de Marseille, les habitants sont forcés de cohabiter avec des chèvres divagantes… et pas toujours conciliantes.

Elles étaient quelques dizaines il y a une quinzaine d’années mais sont désormais « presque deux mille », selon les estimations de Jean-Baptiste Saglietti, premier adjoint au maire de Châteauneuf-les-Martigues, ville de 18.000 habitants qui voit régulièrement des troupeaux de chèvres se balader dans ses rues.

L’origine des bêtes est incertaine, mais « ce qui se raconte, c’est qu’un couple de chèvres a été abandonné ou s’est échappé avant de se multiplier » il y a bien des années, rapporte Michel Illac, le maire d’Ensuès-la-Redonne, une commune voisine.

Une situation qui n’amuse plus beaucoup les riverains, inquiets de devoir partager la chaussée avec les imprévisibles caprins, dont la présence possible est signalée jusque sur l’autoroute voisine.

« On est souvent obligés de s’arrêter parce qu’elles déboulent en plein virage et restent en plein milieu de la route », explique Emma Trezzy, 20 ans. « Quand j’ai des copines qui descendent, je leur dis de faire attention », ajoute l’auxiliaire de puériculture, qui habite au Rove, à une quinzaine de kilomètres de Marseille.

Depuis peu, les troupeaux s’aventurent même dans les lotissements des communes de la Côte bleue.

« Avant, on savait qu’on pouvait en croiser sur la route, mais maintenant on les voit régulièrement juste devant notre maison », raconte Céline Grégoire, 45 ans, qui a emménagé avec sa famille à Ensuès-la-Redonne il y a deux ans et demi.

Certains habitants affirment même avoir vu des chèvres s’aventurer jusque dans leur maison.

« Je préfère voir des animaux plutôt que des voitures envahir le lotissement, mais c’est vrai que j’ai toujours en tête le danger qu’elles peuvent représenter sur la route, surtout quand je roule avec mes enfants dans la voiture », poursuit Laurent Grégoire, son mari.

Du côté des municipalités, l’enjeu de la sécurité est au coeur des préoccupations. « Si un accident venait à se produire, la responsabilité du maire pourrait être engagée parce qu’avec son pouvoir de police, c’est à lui d’assurer la sécurité des habitants de la commune », souligne Jean-Baptiste Saglietti.

Plusieurs municipalités, à l’image d’Ensuès-la-Redonne ou de Châteauneuf-les-Martigues, ont donc mis en place un système de capture des animaux afin qu’ils puissent être pris en charge par des bergeries, notamment pour de l’écopastoralisme.

Non gérés, les troupeaux qui sillonnent la Côte bleue en quête de nourriture risquent en effet de mettre à mal la biodiversité du territoire.

« Ces chèvres posent un problème écologiquement, elles surpâturent », « vont écorcer des arbres » et deviendront in fine « un problème pour la flore », détaille Frank Gouiran, éleveur et producteur de brousse du Rove, fromage de chèvre AOP de la région.

Le maire d’Ensuès-la-Redonne, tout en soulignant que le sujet « a refait surface parce qu’on a vu des chèvres se promener dans les lotissements », affiche sa volonté d’endiguer la reproduction incontrôlée des bêtes errantes, notamment via une castration des boucs, afin que les routes des environs redeviennent plus sûres.

« Le risque zéro n’existe jamais, mais c’est vrai qu’elles en représentent un gros », admet-il.

(Avec AFP)