C’est un ingénieux bricoleur motard du nom de Kent James Shillitoe qui est à l’origine de cette étrange moto dotée d’une partie cycle atypique et d’un aileron aérodynamique actif. Les solutions déployées sur la Kejashi défient les lois de la physique et le principe de gravité pour apporter davantage de sécurité dans les phases critiques de pilotage. Un jour en MotoGP ? Sans doute que non.

Photos : Kent James Shillitoe et New Atlas

A la rédaction, nous adorons ce genre de projet un peu fou, ou tout du moins, qui sort de l’ordinaire. C’est un jeune australien du nom de Kent James Shillitoe qui a mis au point cette « machine ». Elle en porte d’ailleurs son nom : ke-ja-shi, même si cela lui donne une tonalité asiatique et rappelle une berline Suzuki (la Kizashi), il n’en est rien.

Kejashi

Kent James Shillitoeet et son oeuvre, la Kejashi

Le but ? Améliorer le sécurité de la conduite lors des phases les plus critiques, notamment la tenue de route en courbe, sur l’angle. Pour cela, Kent James Shillitoe a choisi de mettre au point un train avant qui bouscule les conventions établies dans l’univers de la moto. Il est parti d’une base de Honda CBR 125 R au sein de laquelle il a changé le moteur pour une mécanique issue du cross (un bloc 250 Yamaha), plus performante. Ensuite, il a découpé la partie avant du cadre pour y greffer son train avant appelé offset trailing steering (la traduction serait direction à déport arrière), mais on peut parler de direction décalée. Dans les faits, la roue avant est mobile en latérale, elle n’est donc pas alignée avec le cadre. Dans les virages, elle se déporte vers l’extérieur du virage et laisse la moto suivre sa trajectoire. En vidéo, c’est édifiant !

La vidéo qui illustre le fonctionnement de la direction de la Kejashi (issue de New Atlas) :
YouTube video

La résultante serait une vitesse de passage élevée, mais avec un angle d’inclinaison moindre. L’adhérence serait améliorée et ainsi la sécurité au niveau de la tenue de route. Selon Kent James Shillitoe, c’est une toute nouvelle approche et naturellement une toute autre façon de piloter qui nécessite une période d’adaptation. Nous n’en doutons pas !

Un aileron actif pour augmenter l’appui en courbe

A ce train avant déjà original, Kent James Shillitoe a ajouté un aileron supérieur actif, qui apporte aussi de l’appui supplémentaire en courbe. Il va ainsi plus loin que les ailerons aérodynamiques que nous voyons en MotoGP, lesquels confèrent de l’appui au train avant pour limiter le cabrage, voire assurer de la stabilité en ligne et au freinage, mais pour l’appui en virage, il est nécessaire d’en implanter d’autres sous une forme spécifique. Avec son aileron actif, Shillitoe assure que l’adhérence en virage s’améliore encore.

Kejashi

Sur cette photo, on voit tout de même que la roue avant n’est pas alignée avec la roue arrière.

Ces solutions techniques peuvent elles intéresser le MotoGP ?

C’est une question que l’on peut se poser, mais le monde de la compétition moto n’apprécie pas vraiment l’arrivée de technologies disons « exotiques ». L’histoire nous l’a démontré à maintes reprises, comme dans les années 80, une période durant laquelle des « Géo Trouvetou » comme Éric Offenstadt tentait d’imposer des solutions techniques innovantes (train avant à bras tirés sur la But) ou plus tard avec des prototypes de course comme la Britten V 1000 de John Britten, mais à chaque fois, ces solutions techniques n’ont pas été retenues par les grands constructeurs. En outre, les règlements techniques n’accordent pas ou guère de place à l’innovation, pour simplement resserrer les performances entre les équipes et ainsi garantir le meilleur spectacle. Il y a évidemment des choix politiques chez les organisateurs. La suprématie récente de Ducati en MotoGP a d’ailleurs abouti à la mise en place de concessions aux équipes affichant un retard technique pour leur permettre de revenir au contact. En outre, il y a aussi l’aspect commercial, car si les motos de la catégorie MotoGP sont de vraies prototypes, elles n’en restent pas moins assez conventionnelles et « voisines » de la moto sportive de route de tous les jours. Et c’est aussi cela qui fait vendre des sportives (en petits volumes) pour les constructeurs. Quand vous achetez une Ducati Panigale V4S, vous achetez un petit bout de MotoGP… Dès lors, les solutions techniques abordées par Kent James Shillitoe risquent certainement de rester confinées en Australie.