Une cigale à Berlin, le 16 juin 2025. WOLFRAM STEINBERG/DPA/SIPA
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Dans les rues de la capitale flotterait (presque) comme un air de Provence. Au rythme du réchauffement climatique, alors que les températures moyennes à Paris pourraient atteindre celles actuelles de Montpellier d’ici la fin du siècle selon un rapport de Météo-France publié en décembre 2024, on peut désormais y entendre quelques cigales cymbaliser.
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Selon l’Agence régionale de la Biodiversité d’Île-de-France (ARB), les cigales sont observées dans la capitale depuis une dizaine d’années, apportées sous forme de larves par le transport de végétation depuis le sud de la France. « Elles ont été transportées dans des cageots de fruits du sud de la France. Elles arrivent à Paris avec les marchés », explique au « Parisien » Jérôme Sueur, maître de conférences au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.
Si ces insectes se sont retrouvés à 700 kilomètres de chez eux par « accident », ils se sont adaptés aux arbres parisiens à cause du réchauffement climatique. Périodes hivernales de moins en moins intenses, étés de plus en plus chauds… « Avec ce climat-là, les cigales seront en mesure de survivre et de faire leur cycle complet et donc de prospérer dans Paris », explique à TF1 Hemminki Johan, chargé d’études naturalistes à l’ARB ; la cigale s’épanouit et stridule à partir de 25 degrés. Elle souffre néanmoins quand les températures sont trop hautes et arrête de chanter lorsqu’on approche les 40 degrés.
Déplacement de la zone de répartition
Si le « chant » des cigales mâles, émis par le claquement de petites membranes situées à la naissance des ailes, se fait désormais entendre à Paris ou à Lyon, il pourrait disparaître du sud de la France. En effet, la zone de répartition de l’espèce se déplace, car là où il fait trop chaud, elles ne survivront pas.
« On a constaté que les cigales ne chantent pratiquement plus l’après-midi quand le mercure dépasse 36 °C à l’ombre, il fait trop chaud pour elles », souligne auprès de France 3 Paca l’agroclimatologue Serge Zaka. Selon le spécialiste, les cigales n’arriveraient plus à réguler leur température sous de trop fortes chaleurs. « C’est la réaction biologique à un stress thermique », indique le chercheur. Quand les températures sont trop élevées, les cigales se taisent instinctivement et donc ne se reproduisent plus.
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Habituellement, les cigales cymbalisent de fin juin à mi-septembre, mais il n’est plus rare de ne pas entendre leur chant dès la fin août en Provence. Au micro de BFM Marseille Provence, Serge Zaka explique : « le cycle des cigales démarre et s’arrête plus tôt dans l’année. Avec le changement climatique il faudra même, d’ici 2050, s’attendre à ce que les cigales commencent à chanter fin mai et qu’elles s’arrêtent fin juillet ». Et de conclure : « Ce sera normal dans un climat futur. »